Alors que des agents de santé engagés dans la riposte à l'épidémie d'Ebola font l'objet d'agressions de la part d'une frange de la population, l'opposant Moïse Katumbi - qui a regagné lundi le pays après trois ans passés en exil - a appelé les populations du Nord-Kivu et de l'Ituri "à faire attention avec les féticheurs".
"Le problème d'Ebola nous concerne tous. Nous sommes en train de perdre nos frères et sœurs, j'irai jusqu'à Béni… Ce ne sont pas les féticheurs qui vont guérir les gens d'Ebola. Je demande à mes frères et sœurs de faire attention avec les féticheurs, je demande à la communauté internationale de ne pas oublier le Congo", a déclaré l'opposant dans une interview accordée à ACTUALITE.CD et quelques médias internationaux dont RFI, BBC Afrique et l'AFP.
Apparue le 1er août 2018, l'épidémie a déjà causé 1 218 décès dont 1 130 parmi les 1.738 confirmés et 88 probables, selon un décompte rendu public lundi dans la soirée.
"Nous sommes un grand pays et nous avons besoin de tout le monde. Il y a des gens qui attaquent les centres d'Ebola et, dans tout ça, qui est le responsable numéro un ? Et dans tout ça, je condamne aussi la communauté internationale parce qu'elle a le rapport de l'ONU concernant les gens qui ont été condamnés à l'est, qui sont libres", a-t-il encore ajouté.
"Nous, de l'opposition, nous allons nous mettre debout pour dire non pour qu'on puisse éradiquer cette maladie ensemble", a déclaré Katumbi.
Bien avant, lors d'un meeting dans la ville cuprifère de la RDC, il a qualifié de "fous", ceux qui s'attaquent aux agents déployés par l'OMS et le gouvernement pour riposter à l'épidémie. Dernier cas en date, l'attaque d'un véhicule de la riposte et trois policiers chargés de sécuriser les agents Anti-Ebola au cimetière Kanzunza de Butembo-ville, dimanche 19 mai.
Ces derniers temps, les populations riveraines de certains cimetières publics affichent une hostilité à l'endroit des équipes des Enterrements dignes et sécurisés (EDS) qui y enterrent les personnes décédées d’Ebola. Les autorités urbaines et la coordination de la riposte ont organisé une réunion à ce sujet lundi 20 mai.
Ce climat, doublé des attaques des groupés armés, complique la riposte. Soulevant ce climat d'insécurité attribué aux groupes armés dans l'est du pays, Katumbi a déclaré :
"Nous avons des partenaires dans la communauté internationale : il y a Africom, les États-Unis et l'Union européenne. Pourquoi ne pas leur demander qu'ils fassent leurs bases chez nous pour éradiquer ces gens qui tuent nos frères. Le développement du Congo, c'est la paix."
A l'occasion de l'ouverture de la 72ème Assemblée de l'OMS, son directeur général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé à l'union contre "l'ennemi public numéro un", Ebola.
"On court le risque qu'elle se répande et qu'elle coûte encore beaucoup plus cher et qu'elle soit encore beaucoup plus agressive", a prévenu le DG de l'OMS.
L'actuelle épidémie de fièvre hémorragique Ebola, est la dixième et la plus grave enregistrée sur le sol congolais, depuis 1976.
Elle est la deuxième la plus grave après celle qui a sévi en Afrique de l'Ouest, en 2014, qui avait fait plus de 11.000 morts, principalement en Guinée, Sierra Leone et au Liberia.
Christine Tshibuyi