Goma : Des centaines de personnes manifestent contre la spoliation de leurs parcelles à Ndosho et Mugunga

Une partie du boulevard Kanyamuhanga comprise entre rond-point singers et rond-point chukudu en ville de Goma/Ph Ley Uwera ACTUALITE.CD

Des centaines de personnes sont descendues dans la rue, ce jeudi 9 mai 2019, à Goma (Nord-Kivu), pour protester contre la spoliation de leurs parcelles par un particulier, agent de la police nationale congolaise (PNC), aux quartiers Ndosho et Mugunga (ouest). Estimées à près de 200 familles, ces personnes ont été déguerpies de leurs habitations dont les portes sont scellées par les forces de l’ordre.

Les manifestants parmi lesquels des élèves d’une école dont la parcelle est concernée par cette spoliation, sont allés exprimer leur colère jusqu’au gouvernorat de province. Les familles, déguerpies il y a 24 heures, affirment avoir passé la nuit à la belle étoile.

"Nous ne voulons plus passer la nuit dehors sous la pluie avec des enfants. C’est pourquoi, nous avons marché pour venir ici et informer l'autorité provinciale de notre problème. Nous étions plus de 600 dans la rue mais la police nous a dispersés à coups de gaz lacrymogènes au niveau du terminus Katindo. C'est ainsi que nous nous sommes dispersés et arrivés ici devant le bureau du gouverneur au nombre de plus ou moins 200", explique à ACTUALITE.CD Antoine Wetemwami, un des manifestants.

L’agent de la police à la base de ces déguerpissements est bien identifié selon les manifestants. "La personne qui nous a déguerpis s'appelle Charupara Ruziga, un policier. On ne sait pas si ce sont des manoeuvres qu'il a fait avec ses collègues policiers. Nous, nous sommes là. Nous attendons la réponse de l'autorité. Nous avons les documents dûment signés. Nous avons des parcelles là où il y a des clôtures. Nous avons des reçus. Quand nous construisons, nous payons des taxes, ...)”, précise M. Wetemwami.

Parmi les manifestants, figurent des femmes enceintes et allaitantes ainsi que des écoliers en uniforme dont l'âge varie entre 7 et 15 ans. Neuf des manifestants ont été interpellés par la police.

" Il y a même une femme enceinte de trois mois qui était torturée par la police. Elle a perdu connaissance et elle serait entre la vie et la mort à l'hôpital. Nous voulons être remis dans nos droits. Il y a ceux qui ont déjà passé plus de dix ans dans leurs parcelles et c'est inadmissible de venir nous demander de quitter nos terres",  s'indigne une manifestante, les larmes aux yeux.

En octobre 2018, les autorités provinciales avaient suspendu l'opération de déguerpissement des dizaines de ménages au village Buhene, dans le groupement Munigi, en territoire de Nyiragongo. Des tensions enregistrées à l'époque avaient fait officiellement deux morts et un blessé grave.

Le comité provincial de sécurité du Nord-Kivu avait d'ailleurs institué une commission pour suivre de près cette situation. La société civile de Goma déplore ce phénomène qui refait surface.  

“ Ce même phénomène a été constaté à Buhene, à Turunga, au niveau du périmètre camp Katindo et, voilà qu'aujourd'hui, c'est sur l'avenue Kasa-Vubu, au quartier Ndosho, ainsi que sur l'avenue Kahongozi, au quartier Mugunga. Lorsqu'on nous déguerpit, c'est toujours des centaines de familles. C'est inquiétant", indique Vicar Batundi Hangi, 1er vice-président de la société civile de Goma.

"Cela fait partie des causes de l'insécurité à Goma. Il faut que ça fasse objet d'une grande réunion pour qu'on puisse analyser profondément dossier par dossier et au besoin surseoir tout ce qu'il y a au niveau de la justice parce que je sais qu’au niveau des cours et tribunaux au Nord-Kivu, c'est plus de 80% des dossiers liés à la terre", recommande ce responsable de la société civile.

Pour l'instant, les manifestants observent un sit-in devant le bureau du gouverneur du Nord-Kivu.

Jonathan Kombi