RDC : Fuyant les violences à Beni, plus de 60 000 déplacés pris au piège à la frontière avec l'Ouganda

Ph. ACTUALITE.CD

Plus de 60 000 personnes ayant fui leurs localités au cours du mois d’avril dernier, se retrouvent prises au piège entre la frontière ougandaise et une zone congolaise en proie aux attaques des groupes armés et non loin de celles affectées par l'épidémie d'Ebola, qui a déjà fait 994 morts, se sont alarmés, ce vendredi, 18 ONG internationales, appelant les autorités des deux pays à lancer et faciliter des opérations humanitaires transfrontalières.

"Une action urgente est nécessaire pour venir en aide aux dizaines de milliers de personnes contraintes de fuir leurs villages à la suite d'attaques armées dans l'est de la République démocratique du Congo. Les personnes forcées au déplacement se retrouvent prises au piège entre la frontière ougandaise et une région de la RDC en proie aux groupes armés et non loin des zones affectées par l'épidémie d'Ebola", écrivent, les 18 ONG, dans un communiqué publié ce vendredi et dont ACTUALITE.CD dispose d'une copie.

Les organisations signalent que cette situation humanitaire alarmante a été déclenchée par des attaques qui ont débuté le 30 mars et se sont poursuivies un mois durant sur le territoire de Beni, au Nord-Kivu.  

De ces dizaines de milliers de personnes déplacées, 7 000 d’entre elles sont actuellement hébergées dans une école primaire se trouvant à seulement 1 km de la frontière avec l'Ouganda.   

"Le risque de propagation des maladies est élevé car la seule eau disponible provient de la rivière et l’école n’est équipée que de quelques toilettes. Aucune nourriture n’étant distribuée, le seul moyen pour ces personnes d’obtenir des vivres est de retourner dans leurs villages où elles ne se sentent pas en sécurité", expliquent-elles.

Pour Tamba Emmanuel Danmbi-saa, responsable du programme humanitaire d'Oxfam en RDC, la situation est "extrêmement préoccupante" car ces personnes "craignent de rentrer chez elles et sont contraintes de vivre dans des conditions insalubres, dans une région où le virus Ebola constitue une menace importante."

"De la nourriture doit leur être fournie en urgence ainsi qu’un accès à des installations sanitaires, à de l’eau potable et à des services de santé adéquats", plaide-t-il.

Les organisations humanitaires informent qu’actuellement, le niveau de violence dans la région rend extrêmement difficile l’acheminement de l’aide humanitaire aux Congolais tandis que les autorités ougandaises se préparent à accueillir un nouvel afflux de réfugiés.

En Ouganda, ces personnes pourraient avoir un meilleur accès aux services de base tels que les soins de santé, et bénéficier de la protection dont ils ont besoin, estiment les ONG signataires du communiqué.    

Elles jugent "extrêmement inquiétantes" les informations selon lesquelles des personnes déplacées seraient empêchées de franchir la frontière ougandaise à au moins seize points de passage officiels. Certains déplacés retournent dans des villages où ils risquent de subir de nouvelles attaques armées, d'après la même source.

D'autres déplacés congolais évitent les points frontières officiels et choisissent de traverser illégalement par les forêts le long de la frontière ou par bateau sur le lac Albert.

Pour ces organisations parmi lesquelles figurent International Rescue Committee ( IRC) , OXFAM , Save The Children , Care for Forced Migrants (CAFOMI), les autorités congolaises et ougandaises "doivent conjointement lancer et faciliter des opérations humanitaires transfrontalières afin de garantir aux personnes déplacées dans les zones limitrophes de l'Ouganda un meilleur accès aux services humanitaires en RDC."

Les autorités, y compris l'ONU via le HCR et les donateurs, devraient "intensifier leur collaboration" et mobiliser des ressources pour que les préparatifs nécessaires soient faits pour accueillir tout nouvel afflux de réfugiés de la RDC et pour répondre aux besoins des réfugiés déjà en Ouganda.

Christine Tshibuyi