RDC : Touché par Ebola, le Nord-Kivu au bord d'une grave crise alimentaire (NRC)

La RN4 dans la cité d'Oicha au Nord-Kivu/Ph Yassin Kombi ACTUALITE.CD

La province du Nord-Kivu dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est menacée par une grave crise alimentaire, particulièrement dans sa partie Nord frappée par une épidémie d'Ebola ayant déjà causé des centaines de morts depuis neuf mois, a alerté le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

"Au cours des trois premiers mois de l'année, la faim dans la province a augmenté de 31 à 66% parmi les familles déplacées et les communautés les accueillant", affirme l'ONG, dans un communiqué parvenu ce mercredi 24 avril,  à ACTUALITE.CD.

Cette crise  est essentiellement nourrie par les conflits et l'insécurité, les déplacements, une série de mauvaises récoltes et la perturbation des activités économiques.

Les territoires de Beni et Lubero dans le Nord de la province sont instables depuis des dizaines d'années, à l'instar de la majorité des territoires dans l'Est du pays.

Des conflits intercommunautaires ont poussé la majorité des familles paysannes à fuir et à abandonner leurs champs, ce qui a conduit à des mauvaises récoltes.

Ces conditions mêlées au faible financement des opérations humanitaires dans la région ont poussé plusieurs organisations humanitaires à mettre fin à leurs activités dans la province entre 2017 et 2018.

L'actuelle épidémie d'Ebola qui frappe également la province de l'Ituri, a encore aggravé la situation dans le Nord-Kivu.

"Les familles touchées par Ebola  ont perdu l'accès à la nourriture et sont au bord de la malnutrition. Ebola ne peut pas être éradiqué si les gens restent affamés", prévient le Conseil norvégien pour les réfugiés.

"La lutte contre le virus Ebola ne doit pas faire oublier au monde entier que des millions de Congolais ne trouvent pas assez à manger", prévient Maureen Philippon, directrice du NRC en RDC.

Dans les faits, les personnes infectées ou soupçonnées d'être infectées par le virus Ebola ont été forcées d'abandonner leur travail lorsqu'elles sont sous surveillance.

Ces zones frappées par Ebola connaissent d'importantes hausses des taux d’insécurité alimentaire.

"Nous sommes profondément préoccupés par le fait que la communauté internationale sacrifie une crise au profit d'une autre, au lieu de considérer l'ensemble de la situation, et maintenant la population en souffre encore davantage (...) Nous devons repenser la façon dont nous répondons à ces besoins", a averti Philippon, dans le communiqué.

"Les gens sont beaucoup moins susceptibles de demander un traitement ou d'être traités avec succès pour le virus Ébola si leurs "Si nous continuons sur cette voie, nous serons confrontés à une double vague de maladies et de pertes de vies humaines bien plus tôt que nous ne le pensons", prévient le même responsable.

Géant territoire au cœur de l'Afrique, le Congo-Kinshasa qui dispose des terres arables inexploitées a enregistré une augmentation de la faim de 70% entre 2017 et 2018, selon l'ONU.

Entre 2016 et 2018,  il y a eu une augmentation [ de près de 5% ] du nombre de Congolais qui ont fui leur localité à cause du manque de nourriture.

Aux côtés du Yémen, de l'Afghanistan, l'Ethiopie, la Syrie, le Soudan, le Soudan du sud, et le Nigéria, la RDC fait partie des pays qui ont été frappés de manière "disproportionnée" par la crise alimentaire en 2018,  d'après plusieurs agences de l'ONU. Elles soutiennent que les chocs climatiques et les conflits resteront les premières causes de ces crises alimentaires dans le monde cette année.

Christine Tshibuyi