RDC : Les élections de dimanche pourraient déclencher de nouvelles violences à Yumbi (FIDH)

Des électeurs devant un bureau de vote à  Kinshasa / Ph. Christine Tshibuyi

Les élections législatives nationales et provinciales, prévues dimanche 31 mars 2019, dans le territoire de Yumbi (Maï-Ndombe), pourraient déclencher de nouvelles violences si les autorités ne prennent pas des mesures de dissuasion, a prévenu, ce vendredi 29 mars, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) demandant aux autorités congolaises de mettre en place des mesures préventives.

"L’organisation des élections législatives dans cet environnement d’impunité, de tensions et de rancœurs inter-communautaires pourrait constituer un élément déclencheur de nouvelles violences, d’autant plus qu’une grande défiance existe vis-à-vis des représentants des autorités locales", écrit la Fédération dans un communiqué sanctionnant un rapport sur les violences ayant fait plus de 500 morts dans ce territoire, en décembre dernier.

"Si les élections sont organisées ce 31 mars, il y a fort à craindre que la participation soit très faible et disproportionnée, au détriment de la communauté Nunu qui logiquement sera beaucoup moins représentée"

Se basant sur des témoignages récoltés par ses organisations partenaires, la FIDH rapporte "des craintes" qui se font sentir "quant aux risques d’exacerbation des tensions, voire de reprise des attaques, si des représentants de l’une ou l’autre des communautés venaient à remporter tous les scrutins".

La circonscription électorale du territoire de Yumbi ne compte qu’un seul siège pour les législatives nationales et un autre siège pour les provinciales.

La circonscription électorale du territoire de Yumbi ne compte qu’un seul siège pour les législatives nationales et un autre siège pour les provinciales. Douze candidats à la députation nationale se disputent l’unique siège à pourvoir et quatorze autres sont en lice pour l'unique siège à l'assemblée provinciale.  

"Nous exhortons les autorités congolaises et plus particulièrement la CENI à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que les personnes déplacées et les réfugiés puissent participer aux élections, si elles le souhaitent, sans craindre pour leur sécurité", lance la fédération et ses 184 organisations partenaires. 

Si les élections de dimanche sont effectivement maintenues, "les autorités congolaises doivent mettre en place des mesures de prévention afin de dissuader la commission de nouvelles violences et protéger les populations civiles si nécessaire", suggère -elle.

Au terme d'une descente sur le terrain de ses enquêteurs en février dernier, l'ONU avait affirmé que plus de 890 personnes dont des civils et membres des forces de sécurité congolaises avaient été tuées dans ces violences.  

Plus de 16 000 civils s'étaient réfugiés au Congo voisin (Brazzaville), alors que plus de 19 000 autres s'étaient rués vers d'autres localités.  

Après deux mois sans éclairage sur les faits, les enquêteurs de l'ONU affirment dans ce rapport que les attaques étaient dirigées par des villageois Tende, équipés notamment des fusils de chasse, machettes, arcs, flèches et essence, et ciblaient les villageois Nunu. Dans son rapport, la FIDH soutient que ces attaques étaient préméditées avec l'appui des autorités locales.

"Plusieurs témoignages recueillis décrivent la présence d’anciens membres des forces armées congolaises (FARDC) parmi les assaillants, l’utilisation d’armes à feu et de techniques de camouflage. Ils montrent aussi l’organisation tactique des attaques", décrit-elle.

Les témoignages laissent penser que leurs commanditaires avaient une certaine expérience militaire, lit-on dans le document. La plupart des personnes interrogées par les organisations partenaires de la FIDH relatent que les propos tenus par certains assaillants indiquaient une "intention de détruire la communauté Nunu" en ne s’attaquant uniquement qu’à ses membres.

Christine Tshibuyi