Vingt-cinq pour cent (25%) de Congolais ne croyaient pas en l'existence du Virus Ebola, selon les résultats d'une enquête américaine basée sur des entretiens menés en septembre dernier dans les villes de Beni et Butembo en province du Nord - Kivu où l'épidémie avait été déclarée avant de toucher l'Ituri voisine.
Les entretiens ont été réalisés avec 961 personnes . Une personne sur quatre interrogée pensait que le virus Ebola n’était pas réel, selon une étude dont les résultats ont été publiés par le Journal américain "The Lancet". Les chercheurs soulignent les énormes défis à relever par les personnels de santé.
Les agents de santé ont affirmé que la méfiance du public constituait désormais le principal obstacle à la lutte contre l'épidémie. Alors que l'épidémie se propage, nombreuses personnes infectées ont refusé les vaccins, résisté au traitement et dissimulé les symptômes.
La méfiance a multiplié par 15 le risque de contamination dans les deux villes. Près de 45,9% des personnes interrogées pensaient que inventée était fabriquée pour générer des gains financiers. Dans la foulée , 36% des personnes interrogées croient que la maladie a été créée pour déstabiliser le pays.
Le premier auteur de l'étude, Patrick Vinck, pointe "un niveau de confiance très, très bas envers les institutions étatiques". Ce manque de confiance vient selon lui "de décennies de violences et de mauvaise gouvernance".
"Une partie de la communauté ne croit toujours pas que le virus Ebola est réel et nous devons absolument continuer à nous concentrer sur l'engagement de la communauté", a déclaré Eva Erlach, déléguée à la responsabilité et à l'engagement communautaires de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Ne faisant pas partie d'enquêteurs, elle a déclaré que le rapport est "si utile, même si c'est à partir de septembre."
Au vu du tableau sombre de l'épidémie qui a déjà fait 652 morts et dépassé le seuil des 1000 cas , les chercheurs ont affirmé que la "situation n'a pas changée" à ce jour: La réponse à l'épidémie a plusieurs fois été entravée par une série d'attaques meurtrières contre les centres de traitement d'Ebola (CTE).
Des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) ont retiré leur personnel après les attaques. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu'il faudrait encore six mois pour en finir avec la pire épidémie de l'histoire de la RDC. Le Chef de cette agence onusienne spécialisée a nommé le Néerlandais Peter Jan Graaff, comme son Représentant spécial dans la coordination de la riposte contre l'épidémie de la maladie à virus Ebola en RDC.
Il se rendra régulièrement dans les zones affectées pour "s'assurer que les discussions à Kinshasa se fondent sur les réalités du terrain et des informations fiables", selon l'OMS.
Christine Tshibuyi