RDC : Les miliciens rendus ne sont pas pris en charge, une ONG dénonce déjà les tracasseries aux Kasaï et Kasaï Central

Un rassemblement des miliciens Kamuina Nsapu à Kananga.

La Ligue nationale paysanne pour la défense des droits de l'homme (Linapedho) alerte sur la non prise en charge des centaines de miliciens qui se sont rendus aux autorités, depuis plus d’un mois, dans les provinces du Kasaï et du Kasaï Central. L’ONG rapporte des cas des tracasseries causés par ces miliciens dans la ville de Kananga.

« La Linapedho constate qu'aucun dispositif n'est mis en place pour accueillir les miliciens qui se sont rendus ou pour leur insertion sociale. Les miliciens érigent des barrières, rançonnent la population au vu et au su des autorités impuissantes, faute de moyens. Les effectifs de la police sont insuffisants si pas mal équipés. Tout ceci parce que les miliciens cherchent les moyens de survie », écrit l’ONG dans un communiqué publié à Kamonia (Kasaï).

Linapedho redoute la résurgence des violences à caractère interethniques qui risquent d'embraser les provinces du Kasaï et du Kasaï Central.

« Il se remarque la résurgence des mésententes entre les Bajila Kasanga (proches du chef Kamuina Nsapu) et les Bakwa Kasanzu (un groupe tribal d'expression lubaphone), en territoire de Dibaya. Chaque groupe veut avoir sa propre milice pour se défendre contre l'autre. Il y a aussi le conflit entre les Lele et les Tetela dans le territoire d'Ilebo, les préparatifs des miliciens de Kamako pour venger les leurs dans la province du Kasaï », prévient-elle.

Des violents affrontements ont opposé, dimanche dernier, les forces armées congolaises aux miliciens rendus dans la cité de Kamako (Kasai). Au moins 19 miliciens ont été tués, mais Linapedho parle de « 24 morts dans les rangs des miliciens », selon ses enquêteurs.

Elle suggère au « gouvernement central de mettre rapidement en place des mécanismes d'encadrement et de réinsertion des miliciens avec l'expertise des autorités provinciales car ayant participé au conflit armé, les miliciens se croient tout permis. A l'armée d'étudier la possibilité de recruter certains miliciens qui en expriment la volonté ».

Sosthène Kambidi