RDC : Ce que pensent les « Kulunas » du projet du gouvernement de les initier aux différents métiers

Le boulevard du 30 juin à Kinshasa

Le Conseil national de sécurité, dirigé mardi dernier par le président de la République, Félix Tshisekedi, a décidé de procéder à l’identification volontaire des brigands appelés « kuluna » et des enfants de la rue afin de procéder à leur cantonnement.  Il s’ensuivra un encadrement orienté, selon leurs aptitudes, à l’Institut nationale de préparation professionnelle (INPP) ou au Service national pour apprendre les différents métiers. ACTUALITE.CD a rencontré quelques brigands dans les rues de Kinshasa à propos de ce projet du gouvernement.

A Lingwala, nous avons rencontré Robinho, la trentaine, tatouages aux bras et au visage, surnommé par ses proches « Vieux Rob ». Il est reconnu dans son quartier comme chef de kulunas. Pour lui, les autorités doivent avant tout commencer à encadrer les brigands qui sont en prison.

« La plupart de ceux qui semaient le désordre sont en prison. Les autorités devaient d’abord commencer par ceux qui sont en prison. Les emmener dans les centres de formation. C’est ainsi que le pays pourrait connaître le développement. Même ceux qui sont en liberté, c’est parce qu’ils ne vivent pas dans les bonnes conditions qu’ils se livrent aux bavures », affirme-t-il.

A ses côtés, Glody, surnommé « Général Tshikumbi », la trentaine aussi. Quelques cicatrices couvrent ses bras et ses jambes. « Si depuis longtemps on avait songé à encadrer les jeunes, ça aurait pu être une bonne chose. Plusieurs raisons sont à la base de la situation des jeunes. Chacun a une raison qui l’amène à se méconduire. C’est une décision qui va amener les jeunes à abandonner le mal », dit-il.

Direction Barumbu où un autre, la vingtaine révolue, requiert l’anonymat. Après son diplôme en section littéraire à l’Institut Saint Thomas Mwanga, dans la province de l’Equateur, son rêve était de devenir Procureur de la République. « C’est une bonne décision. Mais, nous attendons que ce gouvernement puisse résoudre les questions majeures de la jeunesse dont l’emploi. Si aujourd’hui, les jeunes se sont mal conduits, c’est à cause du manque d’emploi. Le gouvernement sortant n’a pas su s’occuper totalement de la jeunesse », pense-t-il.

Pour Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile du Congo, le projet du gouvernement devrait s’élargir sur toute la jeunesse congolaise.« Si cette décision du Conseil national de sécurité vise uniquement à réduire le taux d’insécurité dans la capitale, c’est une bonne chose. Mais, si le gouvernement veut avoir des résultats escomptés dans cette initiative, il faudrait étendre cette mesure dans une résolution globale. C’est-à-dire qu’il faut résoudre la question de la jeunesse, en général. Ne pas la restreindre à une petite catégorie. Trouver de l’emploi à ceux qui peuvent travailler, envoyer dans les formations professionnelles pour les uns, alléger les conditions d’études pour d’autres », explique Jonas Tshiombela.

Dans un communiqué publié ce jeudi 20 février, l’ONG de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, a déclaré que les forces de sécurité en République démocratique du Congo avaient exécuté sommairement au moins 27 jeunes hommes et garçons et en ont fait disparaître de force 7 autres au cours d’une campagne anti-criminalité, entre mai et septembre 2018. La campagne, connue dans la police sous le nom de « l’opération Likofi IV », a visé des membres de gangs (kulunas) présumés dans la capitale de la RD Congo, Kinshasa.

Prisca Lokale