RDC : 47 miliciens Yakutumba accusés "d'atteinte à la sureté de l'Etat" comparaissent à Bukavu

Procès des ex-miliciens Mai-Mai Yakutumba devant le tribunal militaire de Bukavu.

Le tribunal militaire garnison de Bukavu a ouvert, mercredi 14 décembre 2018, le procès de 47 miliciens Yakutumba. Ils sont accusé "d'atteinte à la sûreté de l'Etat" pour leur participation au "mouvement insurrectionnel", dans le territoire de Fizi.

Ces miliciens capturés par l'armée, entre mai et octobre 2018, ont attaqué plusieurs villages dans les  territoires de Fizi et d'Uvira, selon le réquisitoire du ministère public.

Mbirimbi Mbiwa, septuagénaire, reconnait avoir pris les armes pour le compte de la milice Yakutumba.

" Oui, nous avons combattu contre les FDLR, les FNL dans plusieurs villages de Fizi et autres groupes armés car ces groupes armés étrangers nous pillent, violent nos femmes et détruisent nos maisons. C'est pourquoi, nous combattons dans ce groupe armé. Mais, pas contre les FARDC", répond au ministère public le prévenu Mbirimbi Mbiwa qui commandait une cinquantaine d'hommes avec 25 armes.

Un autre prévenu, Maisha Musafiri, sexagénaire, qui comparaît comme informateur de Yakutumba, rejette toutes les accusations en sa charge.

" Je n'ai jamais été informateur de Yakutumba mais j'ai travaillé avec le général Madoadoa (chef d'une autre milice), parce que quand les FARDC passent dans un village, ils qualifient tout le monde de Maï-Maï. Je suis parmi ceux qui se sont rendus quand on nous traquait dans la forêt. Depuis 2002, j'étais dans le groupe de Madoadoa qui a semé la terreur dans le territoire de Fizi, et je me suis rendu moi-même", a précisé ce milicien.

Les prévenus expliquent que leur lutte était une résistance contre les attaques à répétition des combattants étrangers.

" Vu ce qui se passe à Fizi avec les attaques des FNL, FDLR et d'autres groupes armés, nous nous sommes constitués pour la résistance. Mais après avoir entendu l'appel du général (commandant de la 33ème région militaire), nous avons décidé de nous rendre avec d'autres jeunes. Cependant, nous nous sentons trahis. Comment est-ce que nous qui commandons sommes emprisonnés alors que nos troupes sont déjà aux centres de formation ? Pire encore, nous sommes en train de traverser des moments difficiles en prison", a déclaré Ntomboci Mto Wa Nsombo, un des lieutenants de la milice Yakutumba.

"Nous nous sommes rendus nous-mêmes après être fatigués dans la forêt. Nous sommes venus pour intégrer l'armée mais, fort malheureusement, nous sommes devant la barre alors que nous l'avons fait après avoir été sensibilisés. On nous a promis de servir sous le drapeau mais nous sommes transférés en prison et nous comparaissons devant la justice militaire", regrette, devant la cour, Bendera Masudi, chef d'une unité de 150 personnes avec 30 armes déposées auprès des autorités militaires.

Après avoir écouté, une dizaine de combattants, le tribunal a reporté l'audience à une date ultérieure.

Octobre, lors de la présentation de plus de 1000 combattants rendus au gouverneur de la province du Sud-Kivu, le général Akili Muhindo, commandant de la 33ème région militaire, avait affirmé que certains ex-combattants seront déférés devant la justice militaire et d'autres seront formés pour servir la patrie. Ces miliciens, une quarantaine au total sont répartis en deux groupes, 27 sont jugés à la place de l'Indépendance et 20 au camp Saïo, à Bukavu.

Justin Mwamba