Meurtre des experts UN : Comparution d'une ex-ministre provinciale du Kasaï Central

L'ancienne ministre du Kasai Central, Innocente Bakanseka Yabadi comparait à l'audience sur le meurtre des experts de l'ONU

L'ex-ministre provinciale de la Santé du Kasaï Central, Innocente Bakanseka Yabadi, a comparu, ce jeudi 22 novembre 2018, devant le tribunal militaire de Kananga.

Citée par le prévenu José Tshibwabwa, l'ex-ministre Bakanseka devait clarifier son rôle dans la préparation de la mission qui a coûté la vie aux experts de l'ONU et leurs accompagnateurs congolais.

"J'ai été chargée par le gouverneur de province d'organiser l'arrivée à Kananga des membres de la famille Kamuina Nsapu pour des négociations. Le chef Kamuina Nsapu est mon frère. C'est ainsi que monsieur José Tshibwabwa m'a été présenté par le gouverneur Alex Kande comme un intermédiaire entre la famille et les autorités. J'ai organisé leur voyage pour le village Kamuina Nsapu avec Thomas Nkashama que Tshibwabwa m'avait présenté. J'ai découvert que Thomas Nkashama était membre de ma famille. Quand ils sont revenus du village, ils ont ramené une équipe de sept personnes dont Betu Tshintela, cousin à José Tshibwabwa. J'ai organisé leur prise en charge à Kananga. L'objectif était de rencontrer les autorités", explique Mme Bakanseka.

L'ex-ministre dit ignorer cependant l'existence d'un programme entre l'équipe venue du village et les experts de l'ONU.

"Je n'ai jamais été au courant. Néanmoins, j'ai reçu un sms de Betu Tshintela, le 12 mars 2017, dans lequel il m'informait du déplacement qu'ils allaient effectuer à Bunkonde avec les agents de l'ONU", répond-elle affichant une attitude calme.

Qu'en est-il de votre sms adressé à Betu Tshintela, le 13 mars 2017, soit un jour après le meurtre des experts ?, lui demande le général Timothée Mukuntu, l'auditeur général des FARDC.

"Je ne me rappelle plus du contenu de mon sms, mais je crois lui avoir demandé s'ils étaient déjà rentrés de Bunkonde", indique-t-elle.

"C'est José Tshibwabwa et papa François Mwamba qui m'ont rapporté l'information sur la mort de l'équipe le 13 mars 2017 quand ils sont venus chez moi", ajoute-t-elle.

L'ancienne ministre Bakanseka a demandé à José Tshibwabwa de dire la vérité sur ce qui s'est réellement passé :

"Je ne comprends pas, José Tshibwabwa est cousin à Betu. Quand ils viennent du village avec les membres de la famille, ils s'arrêtent au village de Betu et c'est là que Betu embarque à bord du véhicule. Par la suite, c'est Betu qui doit accompagner les experts ! Qu'il veuille bien expliquer cette coïncidence", fait-elle observer.

Un autre prévenu qui a comparu est Thomas Nkashama, agent de la DGM, qui avait fait une mauvaise traduction des propos du "vieux" François Mwamba sur ses craintes au sujet des conditions de sécurité sur l'axe Bunkonde.

"S'était-il agi d'un acte délibéré ou d'une erreur de traduction ?", s'est demandé l'auditeur général des FARDC.

Cette question sera encore au menu de l'audience prévue lundi 26 mars 2018.

Sosthène Kambidi