Alors que l’opposition et la société civile exigent la mise à l’écart de la machine à voter, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) poursuit la sensibilisation en faveur de cet outil. Plusieurs coins ont été identifiés à travers la ville de Kinshasa pour permettre à la population d'expérimenter ce nouveau mode de vote. La CENI n’hésite pas à cibler des grands événements, tel que la Foire Agricole Internationale de Kinshasa (FAIKIN), qui a duré deux semaines dans l'enceinte de l'Académie des beaux-arts (ABA), où plus de 2000 kinois se sont livrés à cet exercice, d'après la centrale électorale.
Aux côtés des plusieurs stands commerciaux, la CENI avait aussi installé les siens pour la campagne d’expérimentation de cet outil de vote. Quelques agents électoraux étaient déployés à la FAIKIN dans le cadre de cette campagne.
Selon Mulume René, Conseiller en charge de la sensibilisation à la Ceni, pendant environ dix jours, plus de 2000 personnes ont expérimenté la machine à voter.
« Nous avons vu un engouement de la population à cet endroit, voulant découvrir la machine à voter. Pour certains, c’était la première fois de voir cette machine bien qu’ils en avaient entendu parler. Nous pouvons estimer à 2 500 le nombre de personnes que nous avons reçues depuis que nous nous sommes installés», affirme-t-il.
« Nous avons reçu tout le monde, femmes, hommes, les personnes vivant avec handicap, mais surtout les jeunes dont l’âge varie entre 18 et 20 ans. Les nouveaux majeurs étaient les plus curieux », ajoute-t-il.
Certaines personnes à la Foire n’ont pas expérimenté cette machine. Masiala, la vingtaine, étudiante de l’ABA, déclare: « Je ne suis pas allée expérimenter la machine. Cette histoire ne m’intéresse pas du tout. Je préfère encore le vote à papier que ce nouveau système que d’aucuns qualifient de machine à truquer », affirme-t-elle.
Une femme dont le stand d’exposition des produits alimentaires est installé juste en face de celui de la CENI est catégorique: « Je ne veux pas expérimenter la machine à voter, je ne veux pas, et je la refuse de tout cœur (Ndlr: le fait d'aller aux élections avec cette machine)».
Le jour de la clôture de la FAIKIN, l’un des exposants, Marie Mbuyia, la cinquantaine révolue, très préoccupée par ses affaires, n’a pas expérimenté la machine à voter.
« Je ne savais même pas qu’il y avait des machines pour expérimenter ici. Je viens chaque matin, c’est pour passer toute ma journée enfermée dans mes affaires. C’est très important de s’exercer à cette machine », confie-t-elle.
D'autres sont plutôt indifférents et avouent ne pas avoir le temps à consacrer à la Ceni.
« Je suis ici pour mes affaires, je n’ai pas le temps d’aller expérimenter la machine à voter. Encore que je n’ai jamais eu le temps depuis que la CENI en parle, je ne sais pas si je vais m’y exercer » , dit un exposant des vêtements.
La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a annoncé mardi qu’elle va réceptionner début octobre, plus ou moins 180 conteneurs contenant notamment les machines à voter pour les élections du 23 décembre prochain.
Selon le programme initialement tracé par la CENI, le premier grand lot de machines à voter devrait arriver en RDC, entre le 9 et le 12 septembre, et deux autres livraisons étaient prévues du 18 au 23 septembre et le 6 octobre. C’est au total pas moins de 106.000 machines à voter qui seront déployées.
Prisca Lokale/IFASIC