<span style="font-weight: 400;">L’International Refugee Rights Initiative (IRRI) a publié, mardi dernier, un nouveau </span><a href="http://refugee-rights.org/wp-content/uploads/2018/01/rapport-IRRI-Kasai… style="font-weight: 400;">rapport</span></a><span style="font-weight: 400;"> sur les violences et les déplacements dans la région du Kasaï. Ce document fait notamment le lien entre les élections de 2011, le découpage territorial et les violences enregistrées dans les Kasaï. ACTUALITE.CD s’est entretenu avec Thijs Van Laer, Programme Manager de l‘IRRI. Il est basé en Ouganda.</span>
<b>Qu'est-ce que ce rapport révèle qu'on ne trouve pas dans les rapports précédents?</b>
<span style="font-weight: 400;">Notre rapport confirme les atrocités commises par les milices et l’armée congolaise comme c’était décrit dans d’autres rapports de l’ONU et des ONG, mais y ajoute un lien important entre ces violations graves des droits humains et la situation politique en République démocratique du Congo. Les personnes sondées ont expliqué que l’élection présidentielle entachée d'irrégularités de 2011 et la redéfinition des provinces en 2015 avaient créé des tensions dans leurs localités qui ont contribué aux massacres. La crise politique donne un cri de ralliement erroné aux milices et l’impunité pour les opérations abusives de l’armée ne fait que renforcer cela.</span>
<b>Au regard de ce qui s'est passé, pensez-vous qu'on est en face des crimes de guerre et/ou crimes contre l'humanité ?</b>
<span style="font-weight: 400;">Les massacres qu’on nous a décrits, certainement ceux commis par la milice Bana Mura, ont visé les civils dans le cadre d’une attaque de grande ampleur. Un rapport de l’ONU a déjà conclu que ces crimes pourraient donc constituer des crimes contre l’humanité et nos recherches semblent confirmer cela. Nous espérons que le travail des experts qui ont été mandatés par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour enquêter sur la situation au Kasaï va aboutir à une conclusion claire et que par après les responsables, y compris ceux qui ont commandité ou soutenu matériellement des attaques, vont être personnellement tenus responsables. La situation au Kasaï ne peut pas être décrite comme un conflit interne du point de vue du droit international humanitaire, ce qui est une condition afin de pouvoir aboutir aux conclusions que des crimes de guerre ont été commis. Donc, on ne peut pas conclure que des crimes de guerre ont été commis.</span>
<b> Pour éviter que cela se reproduise que faut-il faire?</b>
<span style="font-weight: 400;">Il faut prendre de toute urgence des mesures concrètes pour désamorcer la crise politique nationale et les conflits locaux qu’elle avive, comme ce conflit au Kasaï, mais aussi ailleurs. Les acteurs internationaux devraient faire pression sur le gouvernement pour qu’il coopère pleinement avec cette mission d’enquête des Nations Unies et devraient renforcer la MONUSCO dans son rôle de dissuasion de la violence et de protection des civils. Quant au gouvernement congolais qui a la responsabilité principale de protéger sa population, il devrait prendre des mesures pour éviter que de nouvelles violences explosent dans les autres parties du pays et faire en sorte que les responsables des atrocités commises au Kasaï rendent des comptes. Sans responsabilité pour les auteurs de ces crimes et sans efforts pour reconstruire la paix au Kasaï, il y a des grands risques que la situation va rester instable, comme l’attaque récente à Kananga vient malheureusement de le démontrer.</span>