Dr. Denis Mukengere Mukwege considère que le procès de Kavumu est un signal fort adressé surtout aux politiciens qui entretiennent des milices.
Pour rappel, la Cour militaire du Sud-Kivu a condamné, le mercredi 13 décembre 2017, à perpétuité Frédéric Batumike Rugimbanja, député provincial et chef milicien pour «crimes contre l’humanité par viol». Arrêté le 21 juin 2016 par la justice militaire, Batumike a été inculpé pour avoir entretenu une milice qui avait attaqué des positions des FARDC et avait violé au moins 46 victimes entre 2013 et 2016, des fillettes de moins de 10 ans.
<em>« Ce verdict donne l’espoir à la multitude des victimes silencieuses et traumatisées qui n’osent se plaindre faute de foi en notre justice. Ce procès de Kavumu est un message fort adressé aux dirigeants politiques, à tous les niveaux, qui entretiennent des milices. Des milices qui tuent et violent les civils, attaquent les forces armées congolaises et les forces des Nations Unies. Des milices qui commettent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité judiciairement imprescriptibles. Le message envoyé est clair, tôt ou tard la justice vaincra », </em>a dit Denis Mukwege dans un communiqué.
Ces viols ont été également documentés par les membres du Groupe d’experts – créé par la résolution 2293 – du Conseil de sécurité de l’ONU.
<em>« Entre 2013 et 2016, l’hôpital de Panzi, à Bukavu, a traité 42 cas de viols aggravés d’enfants et de filles âgées de 1 à 16 ans, à Kavumu et dans ses environs, à la suite desquels les victimes ont souffert de fistules traumatiques », </em>notait un rapport publié le 10 août dernier.
Le Groupe d’experts précisait que ces viols étaient commis par la milice appelée Jeshi La Yesu (armée de Jésus), dirigée par Frédéric Batumike Rugimbanja, alors membre de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu. La milice serait composée d’anciens éléments des Raïa Mutomboki et des Maï-Maï, des membres de la police nationale et d’anciens ouvriers de la plantation de Bishibirhu.
Mukwege s’inquiète également du suivi médical et psychologique des victimes.
<em>« Pour certaines de ces enfants violées en dessous de l’âge de vingt-quatre mois, il faudrait non seulement leur assurer un suivi psychologique et médical pendant au moins les 17 ans à venir, mais aussi une évaluation complète des conséquences de ces viols avec extrême violence, sur leur sexualité, leur fertilité et leur comportement. Cela ne pourra se faire que lorsqu’elles atteindront leur majorité. Le processus de leur guérison ne fait donc que commencer »,</em> a-t-il ajouté.