L’International Peace Information Service (IPIS) certains commandants de l’armée nationale congolaise d’être structurellement impliqués dans le transport de makala ou de bois scié à Goma—des ressources illicitement extraites du Parc Virunga sous couvert des FDLR.
<i>«L’implication des FARDC peut prendre deux formes. Dans un premier cas, des transporteurs commerciaux utilisent des véhicules dont le propriétaire est un militaire. Dans un deuxième cas, les militaires utilisent leurs véhicules de service pour la commercialisation des braises et planches. Pour illustrer la première forme, nous avons rencontré un camionneur transportant des planches, haricots et le sorgho qui gère deux camions fuso appartenant à un certain Général des FARDC. Le gérant nous a révélé qu’il ne payait que 1.000 FC à chaque barrière, et qu’il était exempt de tout autre taxe. Un deuxième témoignage nous a été rapporté par une vendeuse de malaka dans le Parc de Virunga, dont la production partait avec un des camions fuso de ce même général, confirmait que celui-ci ne payait aucune taxe, ni même aux FDLR, car en contrepartie le camion du Général chargeait quelques sacs de makala commercialisés par les rebelles. Le colonel Rugayi, déployé autour de Kitshanga, gérerait également 11 camions pour le transport commercial des vivres et des charbons, sans être taxé sur la route », </i>rapporte l’IPS.
Pour illustrer l’implication des FARDC dans ce commerce, l’IPS publie une photo montrant un camion de marque Fuso qui appartiendrait au commandant FARDC Mwaku Mbuluku du régiment 3414 (Rutshuru) déchargeant le makala à Goma, début juillet 2017. Le commandant Kisembo est également soupçonné de posséder deux Fuso qui opéreraient entre Oicha et Goma pour la commercialisation des braises.
<i>«Des camions sont chargés sous la supervision des soldats le soir dans les points de collecte des braises à la limite du parc, et font le transport la nuit pour ne pas être arrêtés par les services étatiques (non-armés). Les camions militaires déchargent ensuite auprès de certains dépôts urbains à Goma dont les commerçants sont impliqués dans l’affaire. Selon plusieurs sources, autour de 4 ou 5 camions militaires font la navette entre le PNVi et Goma, à raison de 2-3 trajets par semaine. La braise est surtout chargée à Kalembe, Kibirizi et Tongo. Un commerçant urbain de braises et représentant de l’Association de Vendeurs de Braise (AVB) à Goma, dont le dépôt de Madjengo fournit les petites vendeuses de makala en ville, nous expliquait les avantages de commercer avec les militaires. Ces derniers vendent le sac de braise à 17.000-18.000 FC, soit 4 à 6000 FC moins cher que le prix normal. En effet, les FARDC sont plus compétitives car elles ne doivent pas payer les taxes qu’elles imposent aux autres vendeurs. Les dépôts de Katoyi, TMK, Marché Alaline, «Rond-Point Bireré», et «Trois Paillotes» sont parmi ceux qui accueillent des quantités importantes de braises produites dans les zones sous contrôle des FDLR, avec ou non l’implication des FARDC », </i>explique l’IPS dans son rapport.
Dans son étude, l’International Peace Information Service (IPIS) identifie les FARDC comme principal exploitant des barrières routières dans les deux Kivu.
<i>«Nos recherches ont permis l’identification de 798 barrières routières, dont 312 au Sud Kivu et 486 au Nord Kivu. Parmi celles-ci, 174 ou 22 % connaissent une présence des groupes armés, 55 ou 7 % d’acteurs non-étatiques non-armés (comme les volontaires ou auto-démobilisés), et 569 ou 71 % uniquement des acteurs gouvernementales ou acteurs tolérés par l’état (comme des coopératives). Les barrières contrôlées simultanément par des représentants de différents services (une coopérative et un groupe non-étatique armé par exemple, ou un acteur non-étatique non-armé accompagné d’un militaire armé), ont été répertoriées dans ces catégories ». </i>
L’International Peace Information Service (IPIS) se présente comme un institut de recherche indépendant qui produit des outils de recherche, d’analyse et de renforcement des capacités pour soutenir les acteurs qui travaillent en faveur de la paix positive, du développement durable et du respect des droits de l’homme.