RDC : La dure bataille qui attend Kabila à Addis-Abeba

Le 29e sommet des chefs d’États et des gouvernements de l’Union africaine (UA) a débuté ce lundi 3 juillet 2017 à Addis-Abeba (Éthiopie) sous le thème <i>«Tirer pleinement parti du dividende démographique en investissant dans la jeunesse»</i>. Ce thème est le même que celui de janvier 2017. Bien plus, les dirigeants africains discuteront également de la réforme, de l’autonomie financière de l’UA, mais aussi des principales crises qui minent le Soudan du Sud, le Mali, la Libye et la RDC.

Lors de son allocution dans la salle Nelson Mandela, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine, l’a souligné sans plus de précision.

<i>« Les situations au Soudan du Sud, Somalie, Libye, RCA, les relations Djibouti/Erythrée, RDC, Burundi, Guinée Bissau, Gabon nous préoccupent</i>», a-t-il dit avant de préciser que l'UA a décidé de donner la priorité à la prévention avec les mécanismes régionaux. C’est sur ce terrain que veut jouer la délégation congolaise conduite par Joseph Kabila, lui dont les proches sont visés par des sanctions de l’Union Européenne et <i>des </i>USA<i>.</i>

<i>«Il y a une pratique qui se développe au sein du conseil des ministres de l’Union Européenne qui consiste à se comporter comme un organe hiérarchiquement supérieur, non seulement par rapport à l’Union Africaine, mais aussi vis-à-vis des États et gouvernements membres de l’UA. Ainsi, ils se permettent de sanctionner. Nous ne pouvons pas tolérer cette pratique. Nous voulons que l’UA prenne une position en condamnant officiellement ces sanctions», </i>avait dit Léonard She Okitundu, ministre congolais des Affaires étrangères à Addis-Abeba la veille du sommet.

Mais la tâche risque d’être compliquée pour la délégation congolaise au regard des différentes priorités de l’UA pendant cette session. Les discussions et les négociations entre dirigeants seront fortement marquées par la réforme de l’institution panafricaine dont le suivi de la mise en œuvre, conformément aux décisions des sommets de juillet 2016 et janvier 2017, a été confié à Paul Kagame, Idriss Déby Itno et Alpha Condé.

Moussa Faki Mahamat l’a encore rappelé dans son allocution.

<i>«J'espère vivement que 2018 soit l'année d'un relèvement de l'Union, de son autonomie financière, d'une renaissance pour elle</i><i>»</i>, a-t-il dit. Un point de vue qui a été également partagé du haut de la même tribune par Alpha Condé, président en exercice de l’UA qui représentera l’Afrique au G20, prévu les 7 et 8 juillet à Hambourg, en Allemagne.

L’autre obstacle de taille pour Joseph Kabila reste le lobbying toujours présent de l’UE auprès de l’UA. Dans plusieurs déclarations faites cette année, l’institution européenne a insisté sur le rôle que devra jouer l’UA pour lutter contre la crise en RDC. Dans son discours du mardi 9 mai 2017, Bart Ouvry, ambassadeur de l’Union Européenne en RDC, avait une fois de plus souligné l’importance de l’axe UE-UA dans les efforts pouvant permettre l’application intégrale de l’Accord du 31 décembre.

«<i>Le peuple congolais et ses dirigeants peuvent compter sur le soutien de l’UE à la mise en œuvre de l’accord et plus particulièrement l’organisation des élections. Nous le ferons en bonne entente avec toute la communauté internationale et particulièrement avec l’UA</i> », avait dit le diplomate européen.

Clairement pointé du doigt par la communauté occidentale représentée par l’Europe et les USA, le pouvoir de Kinshasa tentera de s’appuyer sur la corde souverainiste africaine. Ce malgré, l’absence à ce sommet d’un allié de taille (Jacob Zuma). Plusieurs rencontres en bilatérale sont également prévues entre Joseph Kabila et ses homologues présents. Dans tous les cas, c’est une autre bataille diplomatique qui s’annonce entre la RDC et l’Union Européenne, cette fois-ci, sur le sol africain, après le round de Genève lors de la 35e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.