RDC : Un an après Genval, le Rassemblement se réorganise et veut barrer la route au référendum (Interview-bilan)

Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement totalise, samedi 10 juin 2017, une année d’existence après sa création à l’issue d’un conclave de 3 jours à Genval (Bruxelles). La rencontre avait réuni plusieurs acteurs politiques de l’opposition ainsi que des acteurs de la société civile congolaise autour de feu Etienne Tshisekedi.

Pour le député national Claudel André Lubaya, président de l’UDA Originelle, qui avait pris part à ces assises alors qu’il était secrétaire général adjoint de l’UNC, le bilan des actions menées par le Rassemblement jusqu'à ce jour reste mitigé.

Dans une interview ce jeudi 8 juin 2017 à ACTUALITE.CD, Lubaya estime que le Rassemblement n’a pas atteint ses objectifs assignés notamment le départ de Joseph Kabila en décembre 2016.

<b>Un an après la création du Rassemblement, quel bilan faites-vous ?</b>

Le conclave de Genval auquel j’ai eu le privilège de prendre part avait pour objectif d’évaluer la situation politique du pays, au mois de juin de l’année dernière, mais aussi de tracer la perspective pour le dernier semestre 2016 devant chuter au 19 décembre avec la fin du mandat de l’actuel président de la République. C’était un excellent moment de partage qui a permis d’adapter un certain nombre de résolutions et de prendre un certain nombre d’engagement. Alors, le bilan, il est mitigé. Le Rassemblement est une organisation de combat, créée afin de lutter pour le respect de la Constitution. Mais plusieurs objectifs n’ont pas été atteints, notamment la publication du calendrier électoral à temps, l’organisation des élections et passation du pouvoir en décembre dernier. Deuxièmement le Rassemblement au départ était créé pour projeter toute forme de dialogue avec Kabila. Il s’est fait que le Rassemblement n’est pas allé au dialogue de la Cité de l'Union Africaine, mais après la pression de la communauté internationale, le Rassemblement s’est retrouvé aux négociations du Centre interdiocésain. Ce qui a permis d’arracher l’accord de la Saint-Sylvestre. Mais cet accord n’a malheureusement  pas connu le début de sa mise en œuvre. Aujourd’hui aucun de ses acquis n’a été mis en œuvre.

<b>Que vaut le Rassemblement actuellement ?</b>

En 2016, le Rassemblement était un combat autour du feu président Etienne Tshisekedi. Aujourd’hui, le Rassemblement est une organisation qui se recherche. C’est pour cela qu’il y a ce conclave annoncé au cours duquel nous allons pouvoir nous regarder dans les yeux pour nous fixer ensuite de nouveaux objectifs par rapport à la mise en œuvre totale ou partielle de l’accord, mais surtout par rapport à l’échéance du 31 décembre 2017. Parce que nous n’aimerions pas voir encore Kabila en janvier 2018 en train de faire une adresse à la Nation, ça va être une insulte pour nous.

<b>A part des villes mortes et des marches, le Rassemblement n’est-il pas en panne de stratégies aujourd’hui ?</b>

Le Rassemblement, regroupe des personnalités de différentes gabarits. Nous étions nombreux au départ mais au cours du parcours certains ont traversé la rue pour se retrouver en face, voilà pourquoi nos rangs ont été réduits. Mais cela a permis de resserrer les rangs de ceux qui sont restés à côté du peuple. Donc les stratégies, il y en a mais elles seront davantage définies et déterminées à l’occasion du conclave qui va se tenir incessamment.

<b>Le Rassemblement n’est donc plus à la recherche des postes ?</b>

Je crois que la question de partage des postes, il faut l’oublier. C’est parmi les questions qui vont faire le débat du fond lors du conclave. Parce que cette question a mené la division au sein du Rassemblement parce que le pouvoir avait déjà compris que dans le Rassemblement il y avait certains individus qui avaient des ambitions démesurées. Ils y étaient presque uniquement pour la recherche des postes. Donc maintenant dans le Rassemblement, il sera question premièrement de l’agenda électoral, deuxièmement de la non-tenue du référendum, troisièmement la non-représentation de Kabila à la prochaine présidentielle. Donc il a droit de s’enrôler et de voter mais il n’a pas droit de se représenter comme candidat à la présidentielle.

<b>Quel avenir pour le Rassemblement aujourd’hui ?</b>

L’avenir du Rassemblement est conditionné par la manière dont les objectifs nouveaux vont être définis mais davantage par sa capacité de mobiliser le peuple autour de ceux-ci. Cela est possible si, dans les jours à venir, le Rassemblement tient son conclave et se trace une nouvelle loi et une nouvelle ligne pour le peuple congolais.

<strong>Propos recueillis par Stanys Bujakera</strong>

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