RDC : l’Ong « Outre Neuve » au chevet des Congolaises emprisonnées  

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Association sans but lucratif, « Outre Neuve » s’est assignée comme mission de porter secours aux femmes incarcérées dans différents prisons et cachots sur l’ensemble du territoire national. Son initiatrice, Me Charlène Yangazo Dimba, explique à ACTUALITE.CD les contours de son action, les problèmes spécifiques de cette catégorie de prisonniers et les difficultés que les volontaires réunis au sein de « Outre Neuve Asbl » rencontrent au quotidien dans leur démarche.  

ACTUALITE.CD : Qu’est-ce qui a motivé la création de cette structure ?

Me Charlène Yangazo D. : Je suis avocate et je côtoie depuis plusieurs années le milieu carcéral. De là, j’ai fait un constat amer : les femmes en privation de liberté vivent dans des conditions vraiment déplorables et ont des problèmes spécifiques liés à toute nature féminine mais qui ne sont pas pris en compte.

ACTUALITE.CD : Quels sont ces problèmes spécifiques ?

Me Charlène Yangazo D. : Je ne saurais tous les énumérer, car ils sont légion. D’où je citerais les plus rencontrés.

Ces femmes, dans les amigos et autres lieux de détention des services de renseignement, vivent dans la promiscuité. Ce qui les expose aux harcèlements, voire aux viols par d’autres prisonniers et même par le personnel pénitentiaire, elles font face aux Infections et maladies sexuellement transmissibles (IST et MST).

Elles, qui sont déjà privées de liberté, sont également privées du droit à l’intimité. Les femmes enceintes sont traitées de la même manière, les enfants qu’elles conçoivent ne sont pas pris charge par l’Etat et sont abandonnés à eux-mêmes, sans oublier le fait qu’un bon nombre de ces femmes sont en détention préventive.

Dans les prisons, elles sont confrontées à la surpopulation, la promiscuité et à la précarité des soins de santé ; pas de politique de leur réinsertion sociale pour ne citer que ceux-là, car comme je l’ai dit, les problèmes que ces femmes rencontrent sont nombreux.

ACTUALITE.CD : Quels sont les objectifs poursuivis par « Outre Neuve Asbl » ?

Me Charlène Yangazo D. : De manière générale, nous visons la promotion, la sauvegarde des droits fondamentaux ainsi que les libertés tant individuelles que collectives de la personne humaine, surtout de la femme prisonnière. Et ce, par la lutte pour l’humanisation du système carcéral et l’amélioration des conditions de vie de ces femmes pendant et après l’incarcération en vue de leur réinsertion sociale.

ACTUALITE.CD : Pourquoi la dénomination OUTRE NEUVE Asbl ?

Me Charlène Yangazo D. : Nous nous sommes inspirés d’un passage de Bible dans Matthieu 9,17 où le Christ enseigne que l’on ne peut pas mettre un vin nouveau dans une vieille outre sinon elle se rompt, mais l’on met un vin nouveau dans une outre neuve pour que le vin et l’outre se conserve.

C’est exactement le souci qui anime notre structure : Donner une seconde chance à cette femme qui a fait la prison, lui faire comprendre et à la société que tout n’est pas perdu pour elle, qu’elle ou commis une erreur, qu’elle a réparée et qu’elle peut avancer ; qu’elle ne peut pas renoncer à l’espoir et être une personne utile à la société.

ACTUALITE.CD : Pourquoi vous souciez-vous de conditions des incarcérées alors que ceux qui sont en liberté vivent déjà dans la précarité ?

Me Charlène Yangazo D. : Vous le dites, si ceux qui sont en liberté vivent en précarité, imaginez alors les conditions dans lesquelles peuvent vivre les incarcérées ! Je sais qu’elles ont réellement plus besoin d’aides et les volontaires d’« Outre Neuve » sont déterminés à  leur apporter, soulager tant soit peu leurs souffrances.

ACTUALITE.CD : Avec quels moyens Outre Neuve Asbl pense-t-elle atteindre ses objectifs ?

Me Charlène Yangazo D. : Certes nous n’avons pas de gros moyens financiers, mais puisque nous visons en permanence le développement durable, progressif et intégral de la femme et la fille prisonnières. Nous les sensibilisons sur leurs droits en tant que telles et en tout que personne humaine ; Conscientisons l’opinion tant nationale qu’internationale sur les questions relatives aux femmes et filles prisonnières ; nous contribuons à la réforme de la loi pénitentiaire par des plaidoyers ; Organisons la formation et le recyclage du personnel pénitentiel ; Mettons en place des centre d’apprentissage des métiers ; En clair, nous leur apportons l’assistance tant morale, physique, matérielle que juridique.