Arrêt coopération militaire : Le parti flamand N-VA appelle à revoir toutes les autres coopérations avec la RDC

Le parti nationaliste flamand N-VA préconise que la Belgique ne revoie pas uniquement sa coopération militaire, mais toute forme de coopération avec la RDC et appelle la communauté internationale à tenir un langage ferme face aux violations des droits de l'homme dans le pays.

Dans un plaidoyer envoyé à ACTUALITE.CD par Laurent Mutambayi, membre de la N-VA Bruxelles et candidat député européen, la N-VA pointe du doigt la volonté manifeste de Joseph Kabila de diviser l'opposition à travers la nomination, non-conforme à l'Accord du 31 décembre, de Bruno Tshibala ainsi que de retarder les élections.

Ci-dessous la déclaration de la N-VA

<strong>Ne pas revoir uniquement la coopération militaire mais toutes les coopérations avec le Congo</strong>

“Si nous voulons éviter une catastrophe humanitaire sur le continent africain, nous devons alors clairement signifier à Kabila qu’il doit arrêter le plus vite possible la politique de "diviser pour mieux régner", disent le député fédéral Peter Luykx et le parlementaire flamand Karl Vanlouwe (N-VA).

La président congolais Joseph Kabila a fait parler de lui en nommant l’opposant Bruno Tshibala comme Premier ministre. Cette nomination est une violation flagrante de l’Accord politique de la fin de l’année 2016. En vertu de l’Accord de la Saint-Sylvestre, Kabila reste en fonction jusqu’au mois de décembre 2017 et l’opposition désigne la personne que Kabila doit nommer comme Premier ministre. C’est l’essence de l’Accord entre Kabila et l’opposition.

Tshibala n’a jamais été présenté par la plateforme «Rassemblement » et n’est donc pas accepté par la majeure partie de l’opposition. La majeure partie de l’opposition s’en tient au nom de Félix Tshisekedi, le nouveau président du Rassemblement, le numéro deux du plus grand parti de l’opposition, UDPS, et le fils du leader d’opposition Etienne Tshisekedi, décédé à Bruxelles le 1er février 2017.

Avec la nomination de Bruno Tshibala, il est clair que le président Kabila essaie d’opposer les différentes tendances au sein de l’opposition afin de renforcer sa position. La nomination de Bruno
Tshibala est donc à nouveau une manœuvre pour retarder les élections et faire échouer l’Accord. Il devient improbable d’organiser encore les élections cette année. Cela est notamment dû au manque
d’avancement dans la formation du gouvernement de transition.

<strong>Diviser</strong>

<strong>"Ne pas revoir uniquement la coopération militaire mais toutes les coopérations avec le Congo"</strong>

La nomination de Bruno Tshibala s’écarte de la lettre et de l’esprit de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Notre gouvernement s’est à bon droit exprimé de manière critique vis-à-vis du Congo. Le gouvernement congolais a donc décidé de suspendre la coopération militaire avec la Belgique. Cette coopération consistait essentiellement dans la formation des militaires congolais au Congo et en Belgique. Il est temps que nous examinions également d’autres partenariats avec le Congo.

Kabila a dépassé la limitation de mandats depuis l’année passée. Il reporte délibérément les élections, en violation de la Constitution congolaise. L’absence des élections provoque beaucoup de frustrations chez les Congolais. Il règne un sentiment d’impuissance que Kabila considère la Constitution comme un simple bout de papier. La crainte est qu’il nourrisse l’ambition d’être président à vie.

En sabotant le processus démocratique au Congo, la classe politique congolaise avec Kabila en tête, cause beaucoup de dégâts à un pays qui se trouve déjà dans un état fragile. Le Congo se trouve encore à un stade précoce d’un processus démocratique. La négation des principes
démocratiques de base y afférentes peut anéantir le progrès du Congo et aussi la stabilité dans la Région. La boulimie du pouvoir de Kabila met le peuple congolais aux prises avec les démons du passé. On redoute que le pays ne sombre dans un conflit dévastateur qui pourra déstabiliser toute la région.

Au mois de février, j’avais déjà été sévère avec le gouvernement congolais au sujet des massacres des populations civiles par les militaires congolais dans la province du Kasaï. L’armée congolaise y livre une bataille acharnée contre les milices locales. Les Nations Unies ont découvert 23 fosses communes. Les corps de deux experts de l’ONU et de leur interprète congolais ont été découverts le 29 mars. Certaines sources font même état des crimes de guerre.

Si la communauté internationale – y compris la Belgique – envoie chaque année des millions au Congo, elle doit également oser s’exprimer de manière critique sur les graves violations des droits de l’homme et des principes démocratiques sous Kabila. L’Union Africaine, l’Union européenne, les Nations Unies doivent user de tous les moyens à leur disposition pour mettre un terme à l’instabilité et punir les coupables. En notre qualité de communauté internationale, il est de notre devoir de combattre cela. Nous ne pouvons pas faire semblant alors que le Congo est en train de basculer dans l’impunité totale.

La situation au Congo semble aller de mal en pis. Cette violence est aggravée par l’incertitude politique qui y règne actuellement. Le Congo est un brasier qui peut exploser à n’importe quel moment. Si nous voulons éviter une nouvelle catastrophe humanitaire sur le continent africain, nous devons clairement signifier à Kabila qu’il doit le plus vite possible arrêter avec sa politique du diviser pour mieux régner et organiser des élections sous l’égide de la communauté internationale. Ce n’est qu’à ce prix que la paix pourra revenir.