Collette Braeckman, journaliste politique belge et responsable du Desk Afrique Centrale au journal Le Soir, regrette la suspension de la coopération militaire entre Kinshasa et Bruxelles décidée par les autorités congolaises
Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD ce vendredi 14 avril 2017, la journaliste belge invite les deux parties à la retenue pour décrisper la situation et relancer cette coopération qui, selon elle, est d’autant plus avantageuse pour la RDC que pour la Belgique.
<strong>Comment vous réagissez par rapport à cette décision?</strong>
Je trouve que c’est dommage pour les deux parce que les instructeurs belges sont des bons instructeurs qui avaient beaucoup aidé à former les brigades congolaises lors de la guerre contre les M23. Ils ont contribué à la victoire contre le M23. C’est dommage pour la RDC, mais aussi pour la Begique parce qu’à travers cette coopération, l’armée belge pouvait montrer qu’elle avait une capacité de formation en milieu Africain, ce qui est toujours important à démonter dans le cadre de l’Otan. Troisièmement, je pense que c’est une crise stupide qui aurait pu être évitée avec plus de retenue de part et d’autre.
<strong>Comment la Belgique a-t-elle réagi par rapport à cette suspension de la coopération militaire ?</strong>
Il n’y a pas encore de réaction à ce sujet.
<strong>Qu’est ce qui peut être la suite des relations entre la Belgique et la RDC au lendemain de cette décision ?</strong>
Je crois qu’ils vont commencer à discuter. Tout le monde perd, et la Belgique et la RDC. Il faudra un peu de retenue de part et d’autre. Il faut décrisper la situation. Tout le monde s’excite sur cette histoire de Premier ministre. S’il dit qu’il doit organiser les élections correctement, c’est la seule chose qu’il doit faire. On s’empoigne sur lui comme s’il est là pour 5 ans alors que, selon l’Accord, il assume ses fonctions jusqu'à la fin de l’année. Je me demande s’il n’y a pas que de la comédie dans tout ça.
<strong>Comment analysez-vous la position belge sur l’Accord du 31 décembre ?</strong>
La nomination est le fait du président tout seul. Or, selon l’Accord, ça devrait être le fruit d’un consensus. Mais, à titre personnel, je pense que, pendant trois mois, on a essayé d’atteindre ce consensus et on n’y est pas parvenu. Le président a décidé d’aller de l’avant. Monsieur Tshibala, même si on le qualifie de transfuge, c’est quand même un impérial, issu de l’opposition, de l’Udps. La Belgique, parce qu’il n’y a pas de consensus, je demande si elle ne réagit pas ainsi parce qu’elle n’a pas le Premier ministre qu’elle souhaite. A ce sujet, j’ai envie de dire qu’après tout, le Congo est souverain, il peut nommer qui il veut.
Interview réalisée par <strong>Patient Ligodi</strong>