Général Mushale: «On a redouté le M23 en 2012 parce qu’à ce moment là, il y a eu une sorte de laisser-aller»

Le commandant de la troisième zone de défense des FARDC s’est montré optimiste quant à la lutte contre la rébellion du M23 qui, dit-il, voudrait se réorganiser à partir du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) frontalier avec le Rwanda et l’Ouganda.

ACTUALITE.CD a sélectionné une série de questions-réponses enregistrés au cours de la conférence de presse que le Général-Major Léon Mushale a tenue ce mercredi 1 mars 2017 à la 34ème région militaire à Goma.

<strong>Peut-on dire que le M23 ne constitue plus un danger à la population ?</strong>

Je confirme pour le moment que le M23 a fui vers le Rwanda et l’Ouganda. Je le répète parce que j’ai même dit ça deux fois qu’ils sont allés au Rwanda et en Ouganda et les deux pays ont confirmé qu’ils ont pris la fuite vers là et qu’on les a arrêtés. Il peut y avoir des éléments égarés qui n’ont pas su suivre le gros et qui n’ont pas su se cacher, nous finirons toujours par leur mettre la main dessus.

<strong>Les populations de Rutshuru signalent l’infiltration de certains éléments M23 du Kalengera et se dirigeraient vers Tongo (Ouest de Rutshuru) et même à Goma ?</strong>

C’est une information qui ne date pas d’aujourd’hui. On nous avait signalé aussi qu’il y avait même le colonel Mboneza dans ce groupe là et qu’il avait traversé Kalengera pour se diriger vers Tongo. Mais au lieu d’aller à Kalengera ils ont fait une diversion. Ils sont allés vers Matebe et là ils ont été interceptés par nos troupes, ils se sont battus, il y a eu des M23 qui sont tombés là bas, d’autres ont fui jusqu'à traverser la frontière et les ougandais l’ont confirmé. S'il y a encore des gens qui errent du côté de Tongo on les aura parce que nous sommes en train de surveiller le territoire. Bien sûr, l’affaire des infiltrations ou de la présence ennemi sur notre territoire n’est pas l’affaire de la seule armée, ça concerne tout le monde. Si tout le monde est vigilant, qu’il y ait des hommes ou pas on le saura parce qu'ils ne vont pas traiter avec les arbres (…) Du côté de Goma, nous sommes toujours en train de surveiller, il faut dénoncer parce que votre sécurité en dépend.

<strong>Est-ce qu’on peut redouter le M23 aujourd'hui comme en 2012 ?</strong>

Moi je peux vous dire qu’une menace reste une menace, il n’y a pas de grande et de petite menace parce qu’elle commence d’une manière et se termine d’une autre manière, elle grandit. On a redouté le M23 en 2012 parce qu’à ce moment là, il y a eu une sorte de laisser-faire, de laisser-aller, une certaine négligence dans le traitement. Mais maintenant vous et nous savons que le M23 est en train de renaître pour reprendre ce qu’il avait fait en 2012. Est-ce que nous allons le laisser grandir ou nous allons tout faire pour l’empêcher de grandir ? La question nous est posée à nous tous. Cette peur là nous devons la relativiser, essayons de lui couper l’herbe aux pieds. En ce moment là, le travail que nous allons faire va nous déterminer si nous allons continuer à le redouter comme en 2012 ou si nous allons avoir la situation en mains. Je crois que nous allons choisir d’avoir la situation en mains (...)

<strong>La hiérarchie du M23 semble dire que ces combattants sont des citoyens non armés qui retournent au pays, pouvez-vous confirmer s’il y a eu de fronts musculeux entre l'armée et ces ex-combattants à Rutshuru ?</strong>

Tout dépend de ce que vous appelez fronts musculeux. Je viens de vous dire qu’une menace est une menace. Celui qui tue par un couteau, par arme à feu, par incendie et celui qui empoisonne, je ne sais pas lequel tue mal ou bien. Un front est un front. Ce n’est pas encore musclé parce qu’ils n’ont pas encore moyens de se réorganiser, d’avoir des moyens nécessaires mais le jour qu’ils en auront, vous verrez ces fronts musculeux. Mais nous sommes en train de l’empêcher d’en arriver là. Et quand vous dites que ceux qui nous combattent ce sont des citoyens qui reviennent dans leur pays mais pourquoi ils reviennent faire la guerre ? Ils ont des armes. Ils envoient d’abord des gens pour scruter l’atmosphère avant de revenir frapper. Ils ont caché des armes partout ici nous le savons, ils cherchent à s'emparer de ces armes là, est-ce que vous allez les laisser faire ?
Propos recueillis par Patrick Maki (@PatrickMAMS7)