Dans un contexte sécuritaire marqué par la poursuite des conquêtes territoriales par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par Kigali, le cardinal et archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a une nouvelle fois affirmé que le Pacte social pour la paix dans la région des Grands Lacs demeure une réponse appropriée à la crise qui secoue la région depuis plus de trois décennies.
S’exprimant à la clôture de la 15ᵉ Assemblée plénière de l’Association des Conférences épiscopales de l’Afrique centrale (ACEAC), regroupant les Conférences épiscopales de la RDC, du Burundi et du Rwanda, Fridolin Ambongo a estimé que les initiatives diplomatiques en cours ont démontré leurs limites. Il a notamment fait référence à l’occupation de la ville d’Uvira, intervenue après l’entérinement des accords de Washington.
"À l’heure actuelle, ce pacte apparait comme le chemin incontournable d’une paix désarmée et désarmante, d’une paix authentique et durable dans notre sous-région. Désarmée, parce que ce pacte refuse la logique des représailles, des exclusions et d’un triomphalisme éphémère. Désarmante, parce que cette initiative veut toucher les racines du conflit, aller en profondeur en réhabilitant la vérité, la justice et la dignité de chaque personne humaine. C’est ici le lieu de convier tous les protagonistes de la crise en République démocratique du Congo, toutes les forces vives de notre pays ainsi que la communauté internationale, à soutenir cette initiative et à la faire avancer" a plaidé ce dimanche 14 décembre 2025 le Cardinal Fridolin Ambongo dans son message à la Cathédrale Notre-Dame du Congo
Le Pacte Social pour la Paix dans la région des Grands Lacs est une initiative conjointe lancée par les Églises catholique (CENCO) et protestante (ECC) en RDC. Pour le numéro Un de l'église catholique, si les appels de la CENCO et de l'ECC étaient écoutés, celà allait épargner le pays de la situation actuelle
"Si les appels de la CENCO et de l'ECC étaient entendus, notamment après la prise de Bunagana, combien de vies humaines ne pouvait-on pas épargnées ! Mais hélas, que du temps perdu, que des victimes que l’on pouvait éviter. C’est pourquoi nous condamnons avec la dernière énergie, comme nous l’avons déjà fait dans d’autres circonstances, tous ceux et celles qui voient dans la guerre la solution à cette crise. Au clair, notre génération ne serait-elle pas comparable à celle que Jésus interpellait en ces termes : « Nous vous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine. » (Matthieu 11, 17)" a souligné le Cardinal Fridolin Ambongo dans son message
Appelé à poser des actes d’État pour convoquer le dialogue national à la suite de la publication de la feuille de route par les confessions religieuses conçue pour appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis d’Amérique et le Qatar, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient sa position selon laquelle aucun dialogue ne peut être organisé en dehors de son initiative.
Lors de ses récentes interventions, tant à Kinshasa qu’à l’étranger, Félix Tshisekedi a réaffirmé son attachement à un dialogue national, tout en rejetant toute forme d'influences extérieures. Il a renouvelé son soutien à l’Accord de Washington et au processus de Doha, deux initiatives diplomatiques qui, selon lui, permettront à la RDC de se prémunir contre les influences extérieures visant à déstabiliser les institutions, en particulier sur le plan sécuritaire.
En RDC, plusieurs confessions religieuses parlent désormais d’une même voix quant aux pistes de sortie de crise dans l’Est du pays, marqué par l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23. C’est dans ce cadre qu’une feuille de route commune pour le dialogue national a été rendue publique lundi 25 août à Kinshasa. Elle est portée conjointement par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l’Église du Christ au Congo (ECC), la Plateforme des Confessions Religieuses du Congo, ainsi que la Coalition Interconfessionnelle pour la Nation (CIN).
Depuis sa publication, les actes attendus du Chef de l’État tardent encore. Sur la scène internationale, les initiatives diplomatiques avancent sur le papier, mais peinent à produire des résultats concrets sur le terrain, dans un contexte de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’entre Kinshasa et l’AFC/M23.
Clément MUAMBA