Félix Tshisekedi devant les membres de l'Union sacrée
29 octobre 1996 – 29 octobre 2025 celà fait exactement vingt-neuf ans jour pour jour après l’assassinat de Mgr Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo, prêtre jésuite et archevêque de Bukavu ( Sud-Kivu), les Congolais se souviennent encore de ce pasteur resté fidèle à son peuple jusqu’au martyre. L’homme d’Église Mgr Christophe Munzihirhwa Mwenengabo, archevêque de Bukavu de 1994 à 1996, avait été assasiné le 29 octobre 1996, en pleine guerre menée par l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), appuyée par le Rwanda.
Selon plusieurs témoignages, Mgr Christophe Munzihirhwa Mwenengabo, fut l’une des rares voix à dénoncer la guerre et à défendre les populations abandonnées à leur sort. Son courage, qualifier de prophétique, a fait de lui une figure emblématique de la résistance morale face à l’injustice et à la violence.
Félix Tshisekedi salue “le visage de ceux qui ont donné leur vie pour la vérité”
À l’occasion de cette commémoration, le président Félix Tshisekedi a rendu hommage à la mémoire de l’archevêque martyr, qu’il considère comme “le visage de ceux qui ont donné leur vie pour que le monde entende la vérité sur les objectifs cachés et les conséquences de la guerre imposée à la RDC”.
"Je parle ici de nos martyrs, tombés parce qu’ils ont refusé de se taire. Je pense notamment à Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo, assassiné le 29 octobre 1996 à Bukavu, au début d’une nouvelle guerre d’agression contre notre pays ; à Monseigneur Emmanuel Kataliko, harcelé, exilé et mort d’épuisement le 4 octobre 2000 ; et à Monseigneur Kambale Mbogha, frappé en pleine messe d’ordination, décédé peu après le 9 octobre 2005" a rappelé le chef de l’État dans un message lu sur la RTNC par son porte-parole adjoint et diffusé sur X par Tina Salama, son porte-parole.
Pour le président Félix Tshisekedi, le mois d’octobre n’est pas un mois ordinaire. Il symbolise, selon lui ses propres mots, “les cicatrices de l’histoire et les noms de ceux qui se sont dressés contre l’injustice, l’humiliation et l’occupation”.
"Le mois d’octobre, pour le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, n’est pas une simple page du calendrier. C’est un rappel de trente années d’agressions, de déplacements forcés, de villages incendiés, de mères endeuillées et d’enfants orphelins. Malgré tout, vous n’avez pas renoncé à votre dignité", a déclaré Félix Tshisekedi, Chef de l'État.
Évoquant la poursuite du processus de béatification de Mgr Munzihirwa à Rome, Félix Tshisekedi a souligné que “sa voix, qu’on a voulu faire taire par les balles, continue d’instruire notre conscience et de guider notre action”.
"En évoquant la mémoire de Monseigneur Munzihirwa, nous rappelons une exigence morale adressée à chacun de nous : dire la vérité, protéger les plus faibles, refuser toute compromission, résister à l’injustice et défendre l’unité nationale" a-t-il insisté dans son message avant d'adresser ses encouragements et condoléances à l’archevêque métropolitain de Bukavu, à l’ensemble du clergé et aux fidèles de l’archidiocèse. “L’État ne vous a pas oubliés” a rassuré Félix Tshisekedi.
Dans le même registre, Félix Tshisekedi a rendu hommage à toutes les victimes et aux défenseurs de la nation : militaires, prêtres, religieux, chefs coutumiers, journalistes, et civils.
"À vous qui m’écoutez à Bukavu, à Goma, à Minova, à Beni, à Uvira, à Kalehe, à Idjwi, à Rutshuru, à Masisi, à Fizi et ailleurs, je dis : l’État ne vous a pas oubliés. Ce que vous vivez n’est pas “votre problème là-bas à l’Est”. C’est notre problème à tous. Tant qu’une seule partie de notre territoire souffre, c’est la République tout entière qui souffre », a affirmé le président Félix Tshisekedi
Alors que la situation sécuritaire et humanitaire demeure critique en raison des affrontements entre l’armée appuyée par les Wazalendo et la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda, Félix Tshisekedi s’est voulu optimiste.
"La paix n’est plus une promesse lointaine. Elle est une direction, et nous y marchons : vers un cessez-le-feu véritable, le retrait des forces étrangères, la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire, le retour des déplacés et la reconstruction des zones martyrisées. Ce travail est en cours et se poursuivra avec détermination.La République est avec vous. L’État est avec vous. Je suis avec vous", a rassuré Félix Tshisekedi.
La béatification de Mgr Munzihirwa en bonne voie
Selon Vatican News, à l’occasion du 28ᵉ anniversaire de sa mort célébré l’an dernier, l’archidiocèse de Bukavu et la Compagnie de Jésus ont confirmé la progression du processus de béatification de Mgr Munzihirwa, introduit il y a une dizaine d’années. Mgr François-Xavier Maroyi, archevêque de Bukavu, a demandé aux fidèles “de continuer à prier pour un aboutissement heureux de ce processus”, tout en réaffirmant sa foi en “la sainteté et l’héroïsme de Mzee”, comme le surnomment affectueusement les habitants de Bukavu.
Presque trois décennies après son assassinat, la RDC fait toujours face à une nouvelle agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23. Après l’échec du processus de Luanda, les accords de Washington et le processus de Doha représentent aujourd’hui les deux principaux volets diplomatiques visant à mettre fin aux conflits dans l’Est du pays. Ces initiatives portent notamment sur la restauration de l’autorité de l’État, le retrait des forces étrangères et la réintégration des groupes armés, dans l’espoir de tourner enfin la page de trois décennies de souffrance.
Clément MUAMBA
