La Cour de cassation s'apprête à rendre, ce mardi 2 septembre, son verdict dans le procès de l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, poursuivi pour détournement présumé de 19 millions de dollars. Après un premier report la semaine dernière, la capitale vit une nouvelle journée de tension, marquée par le déploiement sécuritaire autour des juridictions et le dispersement de militants rassemblés à la résidence de l’accusé à Gramalic.
Au cœur de cette actualité, les femmes, qu’elles soient mères de famille, commerçantes ou étudiantes, posent un regard singulier sur l’événement.
Dans les rues de Kinshasa, l’attente devient pesante. « Nous avons droit à une justice rapide et claire », soupire Pauline Muhirila, vendeuse de fruits. « On reporte, on repousse… et nous, nous continuons à souffrir des conséquences de cette mauvaise gestion. »
Pour Madeleine Kibadi, mère de famille rencontrée à Bandalungwa, l’affaire dépasse la seule figure de Mutamba :
« On parle de millions détournés. Pendant ce temps, nos enfants manquent de bancs à l’école, nos hôpitaux n’ont pas de médicaments. Ce procès, c’est un peu notre vie qui est jugée. »
Gramalic sous surveillance
En marge de l’attente judiciaire, la tension a gagné le coin Gramalic où des centaines de militants se regroupaient à la résidence de Constant Mutamba pour lui exprimer leur soutien. La police est intervenue vers 3h du matin pour disperser la foule.
Parmi les riverains, des femmes ont assisté à la scène avec inquiétude. « Nous voulons la paix. On ne peut pas accepter que notre quartier devienne un champ de bataille », témoigne Florence Ndambu, habitante du secteur. D’autres, comme Aïcha, étudiante, relativisent : « Les militants ont le droit d’exprimer leur opinion, mais cela doit se faire sans violence. »
Entre les slogans des militants et la fermeté des forces de l’ordre, le fil rouge demeure la quête de justice. Nathalie Mwimba, étudiante en droit, insiste : « Ce procès est un test pour notre pays. Si la justice dit le droit sans céder aux pressions, alors nous pourrons croire à un avenir meilleur. Et ce sont surtout les femmes qui attendent cela, parce que nous sommes toujours en première ligne des souffrances causées par la corruption. »
À Kinshasa, ce 2 septembre n’est donc pas qu’une simple journée judiciaire. Pour les femmes, il s’agit d’un moment où l’avenir institutionnel du pays croise leur quotidien. Le verdict attendu symbolise bien plus que le sort d’un homme : pour les interviewées, il dira si la justice congolaise peut incarner l’impartialité et protéger l’intérêt général.
Nancy Clémence Tshimueneka