Le gouvernement congolais a rappelé samedi que la nomination de tout chef de poste consulaire étranger sur son territoire est subordonnée à son agrément préalable et à la délivrance d’un exequatur par le ministère des Affaires étrangères à Kinshasa.
Dans un communiqué, Kinshasa dit avoir pris note d’informations rendues publiques par la présidence du Kenya relatives à des nominations diplomatiques et consulaires, dont l’annonce de la désignation d’un consul général pour Goma. La RDC a souligné que, conformément au droit international et à la Convention de Vienne de 1963, une telle désignation requiert l’accord préalable des autorités congolaises.
Le gouvernement congolais a insisté sur le fait que Goma, capitale du Nord-Kivu, demeure « sous occupation illégale du M23/AFC avec le soutien du Rwanda », une situation caractérisée, selon lui, par de graves violations des droits humains documentées par l’ONU. Dans ce contexte, Kinshasa a jugé « particulièrement inappropriée » toute annonce de nomination d’un consul à Goma, estimant qu’elle ne saurait être considérée comme l’aval des autorités congolaises.
La RDC a appelé à la prudence dans la communication publique afin d’éviter toute « incompréhension », « spéculation » ou « apparence de légitimation » de l’occupation en cours. Elle a réaffirmé sa souveraineté et sa volonté de maintenir des relations bilatérales constructives avec le Kenya et de poursuivre la coopération régionale au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC).
Cette mise au point intervient dans un climat de fortes tensions entre Kinshasa et Nairobi. On rappelle qu’n décembre 2023, le président kényan William Ruto avait réagi à la demande congolaise d’arrêter Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa, respectivement ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et responsable politique du M23, en déclarant : « Le Kenya est une démocratie. Nous ne pouvons pas arrêter chaque personne qui fait une déclaration ». Ces propos avaient choqué les milieux diplomatiques et provoqué des remous au sein de la classe politique congolaise.
Dans la même période, Corneille Nangaa annonçait la création d’un mouvement politico-militaire baptisé « Alliance fleuve Congo », dont l’objectif affiché est de renverser le pouvoir de Kinshasa. L’annonce était intervenue après le départ des troupes de l’EAC de la RDC, alors que Kinshasa préparait les élections et accélère le processus de retrait de la Mission de l’ONU (Monusco).
La RDC avait réagi en rappelant son ambassadeur en poste au Kenya et en convoquant le chargé d’affaires kényan à Kinshasa pour obtenir des explications. Ces tensions persistent alors que Nairobi continue de piloter une partie du processus de paix dans l’Est congolais.