Après un compte à rebours de trois à zéro, des ballons d'air sont jetés en signe d'ouverture de la cérémonie de Genocost, un mot-valise anglais qui désigne des génocides perpétrés en RDC pour des gains économiques. C'est une initiative des mouvements de la société civile, dédiée à la mémoire et à la reconnaissance des souffrances endurées par les populations touchées par les génocides et les crimes contre l'humanité, est célébrée le 2 août de chaque année depuis plus de 5 ans.
À Kinshasa, des mouvements de la société civile ont commémoré la journée à la place des évolués, rebaptisée place Genocost, dans le centre-ville de Kinshasa. Des bougies étaient rangées en lettres pour écrire Genocost, au pied de trois poteaux symboliques de la place, au milieu de plusieurs centaines de jeunes tenant des banderoles aux messages plaidant pour la justice en faveur des victimes des guerres de Kisangani.
Verres fumés, un activiste, ancien résident de Londres, relate la genèse de cette commémoration. Devant la masse, il explique que la première célébration de Genocost s'est déroulée le 2 août 2013 dans la capitale de la Grande-Bretagne et, depuis lors, il n'en a raté aucune. Il invite les autorités à travailler en étroite collaboration avec les activistes, de qui l'idée est venue, pour une harmonisation des idées.
« La première manifestation de Genocost a eu lieu en 2013 à Londres, et je ne sais pourquoi tout commence là-bas. On a loupé aucune occasion… Il faut que le gouvernement se mette en contact avec vous et reconnaisse ce que vous êtes en train de faire, parce que le mot Genocost est venu de vous », a-t-il déclaré
Pour le responsable de l'institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence (Ebuteli), Fred Bauma, Genocost représente un devoir de ne pas oublier les 30 ans des affres de guerre, moins encore les victimes « qui attendent toujours justice ». Il appelle les autorités à s'évertuer pour que les guerres prennent fin.
« À un moment où notre pays fait face encore à de nouvelles agressions, à une guerre, à plusieurs conflits qui continuent à faire beaucoup de morts à l'est de l'ARDC, mais également dans certaines parties de l'Ouest. Je pense que c'est important de garder à l'esprit que ceux qui sont morts ne sont pas que des chiffres, que ce sont des gens qui ont besoin de mémoire, qui ont besoin de justice, qui ont besoin de dignité. Et c'est pour ça que je suis ici, et c'est pour ça qu'on organise tout ceci », déclare ACTUALITE.CD à Fred Bauma.
Pour sa part, Luc Lukusa a encouragé ses pairs à poursuivre dans cette lancée en faveur des Congolais qui périssent. L'activiste a interpellé ceux qui prennent la responsabilité de considérer également le temps, condamnant en même temps certains parmi eux qui haussent le ton la journée et demandent le poste la nuit.
« Nous voulons que ceux qui doivent prendre leurs responsabilités, nous tous, nous puissions nous mettre en tête que les responsabilités doivent être prises en considération du temps. Les gens meurent, mais nous avons besoin que le gouvernement et ceux qui sont à la manière qu'ils comprennent que nous avons besoin de résultats, pas de sorties et de rentrées… je voulais appeler tout le monde à comprendre que ce pays a besoin de gens qui disent clairement que nous voulons l'unité, pas des gens qui nous disent clairement qu'ils veulent l'unité, mais la nuit, ils sont encore en train d'aller chercher les postes, quand on ne donne pas, ils font défection », a-t-il dénoncé.
Venu de l'est, Shekinah, qui encadre une marmaille d'enfants dont les parents et des familles sont partis à l'arrivée des rebelles, a refuser de dire «guerre de l'est» mais de considérer qu'il s'agit d'une guerre contre la RDC, ce, pour mettre dans la tête des Congolais que c'est tout le pays qui est en péril. Pour avoir vécu l'horreur, elle appelle les autorités à prêter attention aux appels multipliés par les populations victimes.
Dans le feu de l'évènement, les activistes se sont insurgés contre l’accaparement, par le pouvoir en place, de l'initiative de Genocost. D'après certains, les activités officielles à cette occasion sont organisées par «des fonds flous de Fonarev qui met en avant les violences sexuelles, oubliant les massacres des populations».
Cette cérémonie en mémoire des victimes des guerres a été également célébrée à travers des pas de danses, des et des vers des slameurs et par des spectacles illustrant la vie des Congolais nichés dans les coins où les guerres emportent des vies.
Samyr LUKOMBO