France : le Salon des Bruits des Villes Africaines donne voix aux villes congolaises à Strasbourg

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L’exposition sonore "Écouter la ville" à Strasbourg

Le week-end du 25 au 26 juillet 2025, la ville de Strasbourg (France) a vibré au rythme des sons, des voix et des luttes urbaines africaines. C’était à l’occasion du Salon des Bruits des Villes Africaines, marqué par l’ouverture du tout premier Marché Congolais d’Alsace. L’événement, porté par Malafi’arts Production en collaboration avec plusieurs partenaires, s’est tenu à l’Espace Wagon Souk, un lieu à la croisée des initiatives culturelles, solidaires et politiques.

Dès vendredi, le public a été plongé dans les ambiances urbaines de la République démocratique du Congo à travers l’installation sonore "Écouter la ville", une création immersive de l’artiste Niamba Malafi. L’œuvre a fait résonner les sons de Kinshasa, Goma, Bukavu, Lubumbashi et Kisangani, offrant une expérience à la fois sensible et engagée.

« Ce que j’ai entendu dans cette installation, c’est ma propre ville, c’est ma propre histoire », a confié une spectatrice.

Le salon a également mis en lumière le cinéma congolais à travers plusieurs projections : Mambamutu de Florence Bermond, tourné à Goma, propose un récit poétique et engagé, centré sur la résilience d’une femme endeuillée ; Abula Ngando et Bureau 2 de Marcus Onalundala traitent respectivement de la précarité à Kinshasa et du trafic de minerais entre le Congo et l’Europe.

Ces films, rarement diffusés dans les circuits classiques, ont été salués pour la force de leur propos et leur portée politique.

Un marché congolais vivant et solidaire

Durant deux jours, le public a pu découvrir le Marché Congolais d’Alsace, entre artisanat, produits culturels et espaces associatifs. L’initiative visait à valoriser la création congolaise tout en récoltant des fonds pour soutenir la construction de la Médiathèque MutuBuku Émilie Flore Faignond à Kinshasa.

Six associations étaient présentes : Studio Nubya, Afrique Étoile, Bana Congo, Bambi & Maman, Partage et Solidarité à l’Oeuvre et Sangis’Arts.

« C’est un acte de mémoire et de visibilité que d’avoir ce type de marché ici, dans un contexte alsacien », a déclaré une exposante.

Samedi, une table ronde animée par Grace Sarah Dakpogan, collaboratrice du Dr Denis Mukwege, a permis de revenir sur les conflits dans l’Est de la RDC, les réalités carcérales et les formes de résistance populaire.

« Le Congo souffre, mais le Congo résiste. Depuis 1997, l’Est de la RDC souffre. On l’appelle la guerre des minerais », a-t-elle martelé.

L’après-midi s’est poursuivi avec un atelier de percussions animé par Huguette Mbo. Les participants ont expérimenté les rythmes traditionnels congolais dans une dynamique collective.

« Une activité intergénérationnelle et très puissante. On a senti une connexion immédiate », a témoigné un participant.

Une clôture musicale festive

Le salon s’est clôturé par un concert festif et engagé réunissant Jupiter & Okwess (RDC), avec leur énergie électrisante, Fred Kabeya Lusi, dans une rumba poétique et militante, Hugues Mbo, mêlant chant, mix et percussions, et Aliwu, à la régie son.

Cette première édition du Salon des Bruits des Villes Africaines a réuni plusieurs dizaines de personnes autour de la mémoire, de la création et de l’engagement.

« Ce n’est pas seulement un événement artistique. C’est une déclaration politique, une main tendue, un acte de résistance culturelle et de mémoire vivante », résume Niamba Malafi.

Les fonds récoltés seront alloués à la construction de la Médiathèque MutuBuku Émilie Flore Faignond, un projet structurant porté par Malafi’arts Production à Kinshasa.