Fayulu prend acte de l’accord de Washington, refuse que les FDLR soient un « prétexte permanent » et appelle à un dialogue national inclusif

© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA / Martin Fayulu
© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA / Martin Fayulu

Dans une adresse à l’occasion du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu a pris acte de l’accord signé le 27 juin à Washington entre Kinshasa et Kigali sous médiation américaine, tout en appelant à un « dialogue national inclusif » pour faire face aux « causes profondes de la crise congolaise ».

« Nous prenons acte de la dynamique positive que [cet accord] peut enclencher », a déclaré Martin Fayulu. « Bien qu’imperfectible, [il] peut représenter une opportunité de faire taire les armes et de créer les conditions d’un apaisement durable. »

Mais pour l’ancien candidat à la présidence, la signature d’un tel texte ne suffit pas. « Aucune signature ne saurait remplacer la volonté résolue d’un peuple à défendre sa terre, à reconstruire ses institutions et à tenir debout. »

Il a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de faire respecter la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, dénonçant au passage une lecture tronquée du conflit. « La question des FDLR […] ne doit pas être indéfiniment imputée au Congo. [...] L’agression que subit la RDC ne peut être maquillée sous l’expression de mesures de défense », a-t-il déclaré.

Revenant sur la situation sécuritaire, Fayulu a dressé un tableau alarmant. « Plus de 100 localités, y compris des villes majeures comme Goma et Bukavu, sont tombées entre les mains des groupes armés. Le M23 et l’AFC, avec le soutien du Rwanda, terrorisent nos provinces du Kivu. Les ADF sèment l’horreur au Nord-Kivu. L’Ituri connaît l’occupation de certaines zones par l’armée ougandaise. Et dans le Bandundu  aux portes de Kinshasa, la milice Mobondo fait régner la terreur. »

Il a évoqué les conséquences humanitaires : « Plus de 25 millions de nos concitoyens ont besoin d’assistance, plus de 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, près de 7 millions de Congolais sont déplacés internes, exilés sur leur propre terre. »

Face à ce constat, Fayulu a dénoncé la « culture du déni et du rejet des responsabilités » et affirmé que « nous sommes comptables de l’unité perdue, de la misère grandissante, de l’absence d’espoir ».

« Ce moment exige un sursaut. Il est temps de répondre à l’appel de la patrie, pas à celui des intérêts égoïstes », a-t-il ajouté, citant l’article 63 de la Constitution qui rappelle que « tout Congolais a le devoir sacré de défendre le pays et son intégrité territoriale en cas de menaces ou d’agressions extérieures ».

Appelant à une « paix durable » fondée sur un véritable « État de droit, une armée forte, la cohésion nationale et une gouvernance intègre », Martin Fayulu a demandé « avec conviction et sens de responsabilité » l’organisation « sans délai d’un dialogue national inclusif entre Congolaises et Congolais, sous la médiation de nos pères spirituels, pour penser nos plaies, dire nos vérités et reconstruire la confiance ».

Il a révélé avoir rencontré Félix Tshisekedi le 5 juin dernier, échangé avec d’autres leaders politiques et exprimé sa volonté de poursuivre ces contacts : « L’heure ne plaît pas aux antagonismes stériles, mais à la réconciliation et à la cohésion nationale. »

Fayulu a conclu en appelant ses compatriotes à servir la patrie avec loyauté : « Ne trahissons pas notre histoire. Ne trahissons pas notre peuple. Ne trahissons pas l’espérance. »