Accord RDC- RWANDA :"Nous ne voulons pas d'une paix façonnée par les élites, nous voulons une paix réelle, vécue, partagée, construite avec nous" ( Thérèse Kayikwamba Wagner)

La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, et Marco Rubio
La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, et Marco Rubio

La République Démocratique du Congo et le Rwanda ont signé ce vendredi 27 juin 2025 l'accord de paix à Washington DC en présence de Marco Rubio, Secrétaire d'État américain. Cet accord obtenu grâce à la médiation américaine pourrait marquer un tournant majeur dans l'histoire politique de la région des Grands Lacs en mettant fin à une crise sécuritaire de près de trois décennies exacerbée avec la résurgence de la rébellion de l'AFC/M23.

S'appuyant sur la déclaration de principes signée le 25 avril 2025, l'Accord signé précédemment par les délégués de la RDC et du Rwanda et ce jour au niveau ministériel a été élaboré au cours de trois jours de dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques.  Cet accord comprend des dispositions sur le respect de l'intégrité territoriale et l'interdiction des hostilités ; le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ; la mise en place d'un Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité intégrant le CONOPS du 31 octobre 2024 ; la facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays, ainsi que l'accès humanitaire ; et un cadre d'intégration économique régionale.

"Les cicatrices que nous portons, sur nos corps et dans nos âmes, nous 
rappelleront ce qui ne doit jamais être oublié, répété ou accepté. Il y a quelques jours à Kinshasa, une coalition d'organisations de femmes m'a fait part d'un message clair : "Nous ne voulons pas d'une paix d'élite -nous voulons une paix réelle, vécue, partagée, construite avec nous. "
Nous ne voulons pas d'une paix façonnée par les élites - nous voulons une paix réelle, vécue, partagée, construite avec nous" a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner, cheffe de la diplomatie congolaise dans son mot de circonstance.

Et de poursuivre :

"À nos concitoyens de l'Est : cet accord a été signé en pensant à vous. Il  prévoit le désengagement des forces armées, la protection des civils, le retour des personnes déplacées et des réfugiés sous l'autorité du gouvernement - et établit un mécanisme de suivi pour en assurer le respect. Ce ne sont pas que des mots sur le papier. Ils doivent maintenant être traduits en actes - avec justice, responsabilité et volonté politique. Cet accord de paix est le point de départ, pas l'objectif final. Il doit 
maintenant être suivi d'un désengagement, de la justice, du retour des 
familles déplacées et du retour en toute sécurité des réfugiés, tant en RDC qu'au Rwanda". 

Dans le cadre de la coordination continue entre les efforts de facilitation des États-Unis d'Amérique et de l'État du Qatar, ce dernier a participé à ces discussions afin d'assurer la complémentarité et l'harmonisation des initiatives des deux pays visant le dialogue et la paix dans la région. La RDC et le Rwanda ont exprimé leur gratitude pour les précieuses contributions et les efforts conjoints des États-Unis et du Qatar, en tant que partenaires, pour promouvoir une résolution pacifique.

Cet accord a divisé davantage la classe socio-politique congolaise. Si pour certains,il s'agit d'un pas en avant dans la recherche des solutions liées à la crise sécuritaire, d'autres par contre estiment que limiter la crise actuelle par la signature d'un accord entre Kinshasa et Kigali c'est faire fausse route. C'est le cas du Docteur Dénis Mukwege et de la famille politique de Joseph Kabila Kabange, ancien Président de la République.

Clément MUAMBA