Lutte contre la corruption en RDC : IDLO interpelle les parlementaires à exercer leur rôle pour « freiner ce mal profond qui entrave le développement économique »

es panelistes lors du déjeuner de concertation parlementaire axé sur la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption en RDC.
Des panelistes lors du déjeuner de concertation parlementaire axé sur la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption en RDC.

L’organisation internationale de droit de développement (OIDD), mieux connue sous son appellation anglaise : the international developpement law organization (IDLO), a organisé une activité vendredi 20 juin 2025 autour de quelques députés nationaux, à qui elle a invité à la réflexion sur les rôles et la contribution du législateur dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, qu’elle présente comme ce mal à la base du frein du développement économique de la RDC.

Dans son discours d’ouverture, Nick Elebe, représentant de IDLO en RDC, en a appelé à la responsabilité de tous les acteurs dont le travail consiste à lutter contre ce fléau qui caractérise le Congo Kinshasa. Il a, par ailleurs, lancé un appel aux députés nationaux à exercer pleinement la mission parlementaire que la constitution leur a assignée afin d’éradiquer la corruption.

« Nous en appelons à la responsabilité de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre la corruption en RDC, qui est un mal profond qui gangrène le fondement de notre société, qui entrave le développement économique, qui sape la fonction publique dans les institutions et qui compromet la réalisation de notre idéal pour la justice sociale », a-t-il dit.

Et de poursuivre : « face à cette réalité, il revient aux parlementaires d’endosser un rôle central et productif. Ce rôle est au cœur même de la mission du parlementaire, qui s’exerce à travers le contrôle de l’action gouvernementale, la surveillance budgétaire, la création des commissions d’enquête, l’implication dans des caucus parlementaires et la sensibilisation du public. Mais cela ne suffit pas, il faut doter le pays d’un arsenal juridique adapté, capable d’anticiper les risques et d’outiller le financement de la justice dans son action ».

Pour Chimène Polipoli, questeure de l’Assemblée nationale venue faire figure du président empêché, la corruption est une menace réelle, une entrave non seulement au développement mais aussi à la démocratie et à la cohésion nationale. Ce membre du bureau de la chambre basse du Parlement a salué l’adoption de la stratégie nationale de lutte contre la corruption 2022-2026, adoptée par le gouvernement, laquelle, selon elle, mérite l’approbation et l’attention de tous les pouvoirs publics, le parlement au premier rang.

« Le rôle du parlement dans cette stratégie fondamentale est à la fois législateur en termes de contrôle de l’action du gouvernement. C’est à nous, élus de la nation, qu’il revient de traduire en loi les engagements politiques pris en matière de transparence et de bonne gouvernance », a-t-elle reconnu, précisant que l’application effective du dispositif législatif existant reste un combat des députés nationaux.

Répondant à IDLO, qui attend du parlement la dotation au pays d’un arsenal juridique visant faire face à cet antivaleur qu’est la corruption, Chimène Polipoli a informé l’assistance du début d’un processus au sein de l’assemblée nationale qui consiste à moderniser le cadre légal, notamment avec un renforcement du dispositif de contrôle parlementaire sur le financement public et le contrat ; l’amélioration du cadre de lutte contre les conflits d’intérêts ainsi que la relance du débat sur le mécanisme de déclaration de patrimoine et de responsabilité des types d’usagers.

Présentant l’état des lieux, défis et perspectives de la lutte contre la corruption, le coordonnateur de l’agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) a alerté que la stratégie nationale de lutte contre la corruption déposée par le gouvernement pour approbation en 2008 au sein de l’observatoire de surveillance sur la corruption et de l’éthique professionnelle (OSCEP) est devenue obsolète, » faute de volonté politique pour l’endosser ». Victor-Miche Lessay a affirmé que l’APLC, en synergie avec l’OSCEP, a associé différents services et acteurs de lutte contre la corruption à la mise à jour de la sécurité nationale de lutte contre la corruption de 2010, en lui imprimant de nouvelles orientations de la vision du chef de l’Etat.

A l’en croire, la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption 2022-2026 s’articule autour des trois stratégies qui sont : la prévention, la détection et la répression.

Après un débat houleux sur notamment la revue des initiatives en matière de lutte contre la corruption, la création d’un tribunal économique et financier, au total 46 recommandations ont été formulées, dont 8 phares et 38 autres comme des actions à mener. Les 8 recommandations qui ont clos les échanges sont les suivants :

1. Mobiliser suffisamment les ressources financières pour mieux engager la lutte contre la corruption ;

2. Redynamiser la collaboration des institutions et services publics ;

3. Promouvoir l’éthique et l’intégrité en impliquant la théorie de Steyer ;

4. Renforcer l’engagement des parlementaires dans la lutte contre la corruption ;

5. Réformer la cour des comptes en élargissant les acteurs poursuivables pour fautes de gestion à tous les gestionnaires, quelle que soit l’institution ;

6. Mobiliser les parlementaires à travers la FNAC pour porter activement le texte anticorruption en plénière ;

7. Renforcer le boulot étoilé par la société civile et les médias autour de ces lois de l'anti-corruption ;

8. Mettre en place des mécanismes digitaux qui visent à dématérialiser et collecter des recettes publiques et judiciaires.

Placée sur le thème : « quelle législation et quel parlementaire pour une stratégie anti-corruption efficace en RDC », cette activité avait pour objectif principal de favoriser une meilleure compréhension et implication des parlementaires dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption 2022-2026 en RDC.

Samyr LUKOMBO