RDC: Amnesty International alerte sur des exécutions illégales des civils par les rebelles de l’AFC/M23 dans les sites de détention à Goma et Bukavu

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

Amnesty International, organisation de défense des droits humains a publié ce mardi 27 mai, le contenu d’une enquête qui révèlent des cas d’exécutions illégales des civils par les rebelles de l’AFC/M23 dans les sites de détention identifiés à Goma et à Bukavu, deux villes occupées depuis quatre mois par la rébellion soutenue par le Rwanda. Amnesty International affirme avoir été en contact avec huit détenus, qui ont déclaré avoir vu leurs amis mourir à cause de torture et des conditions sévères en prison, relatant la souffrance d'autres des détenus au secret dans l'impossibilité d'entrer en contact avec leurs familles et avocats.

«Huit détenu ont déclaré avoir vu des codétenus mourir en détention, probablement à cause de la torture et des conditions sévères. Selon leur témoignage, des centaines de personnes sont détenues dans des cellules surpeuplées et insalubres, et manquent de nourriture, d'eau, d'installations sanitaires et de soins de santé. La plupart sont détenues au secret et ne peuvent pas communiquer avec leurs familles ni leurs avocats», peut-on lire.

Des anciens détenus ont signalé à Amnesty International les différents endroits que les rebelles ont  mué en lieux de détention à Goma et à Bukavu,  dont le bureau provincial de l'Agence nationale de renseignements (ANR) connu sous le nom de Chien Méchant, un complexe proche de la Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC) sur le mont Goma, le bâtiment de l'assemblée provinciale, le complexe de la 34e région militaire et un camp de détention improvisé à Kanyarucinya, à l'extérieur de Goma, le bureau principal de l'ANR et dans un camp militaire situé dans le quartier de Bagira.

«J'ai vu un homme qui était fusillé, » a déclaré un ancien détenu à Goma. « C'était comme s'il était membre d'une bande de bandits. Le [M23] lui demandait où il gardait les armes et où se trouvait untel ou untel. Ils lui ont tiré dans le ventre et dans le bras droit, au niveau de l'épaule», a déclaré à l'ONG un ancien détenu à Goma.

D'après d'anciens détenus en contact avec Amnesty International, les rebelles du M23 les accusent de soutenir l'armée congolaise ainsi que le gouvernement de Kinshasa, de collaborer avec la société civile et de possder d'armes.

«Selon le témoignage d'anciens détenus, le M23 les a accusés de soutenir l'armée ou le gouvernement congolais, leur reprochant de travailler avec la société civile, de cacher ou posséder des armes, de savoir où se trouver d'autres membres de groupes armés, des fonctionnaires ou des représentants du gouvernement ou d'être affiliés à ces groupes, de se livrer à des pillages ou de dénoncer les exactions commises par le M23», poursuit Amnesty International.

Et d'ajouter :

«Les détenus ont assuré que le M23 n'a jamais fourni de preuves de ces accusations et qu'au moins 12 d'entre eux n'avaient pas été informés des motifs de leur détention. Le M23 a également placé des personnes en détention pour les persuader de travailler pour lui ou les recruter de force dans ses rangs».

Conquises entre janvier et février de l'année en cours, les villes de Goma et Bukavu restent sous le contrôle des rebelles du AFC/M23, soutenus par le Rwanda. La rébellion, qui a pris les quartiers de plusieurs localités dans les Nord et Sud-Kivu, y ont même installé une administration parallèle, acte que Kinshasa continue de décrier.

Samyr LUKOMBO