La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a salué vendredi à Washington la signature d’une déclaration de principes entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda comme une étape nécessaire vers la paix, tout en appelant à une mise en œuvre fondée sur la responsabilité et des actions concrètes.
« Aujourd’hui ne marque pas une fin, mais un commencement : une étape nécessaire vers la paix, franchie avec détermination et clarté d’intention », a déclaré Mme Wagner lors de la cérémonie, tenue en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Elle a rappelé que ce moment revêt un "poids particulier pour la RDC – à Goma, à Bukavu et au-delà – où la réalité du déplacement, de l’insécurité et de la souffrance persiste".
« Pour nous, l’urgence de cette initiative n’est pas théorique. Elle est humaine », a-t-elle insisté, soulignant que la déclaration signée avec son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe ne devait pas être perçue comme un simple symbole, mais comme "un engagement politique – une réaffirmation des principes inscrits dans le droit international et récemment rappelés dans la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies", appelant notamment au retrait immédiat, inconditionnel et vérifiable de toutes les forces étrangères du territoire souverain de la RDC.
La cheffe de la diplomatie congolaise a martelé que "dans la région des Grands Lacs, la paix doit venir en premier", suivie de "la reconstruction de la confiance", puis "la réouverture prudente d’un chemin vers une coopération bilatérale significative", uniquement "lorsque les conditions seront réunies". Elle a dénoncé l’échec d’efforts passés où "l’ordre des étapes a été ignoré et la redevabilité repoussée".
« La paix et le développement ne peuvent pas reposer uniquement sur de bonnes intentions. Ils doivent être bâtis sur la responsabilité, des engagements clairs, des échéances mesurables et des conséquences en cas de non-respect », a-t-elle déclaré, en appelant à restaurer la crédibilité des États « vis-à-vis des peuples qui attendent que la paix devienne une réalité ».
Saluant "le leadership des États-Unis d’Amérique" pour leur soutien constant, Mme Wagner a exprimé sa "profonde gratitude" à Marco Rubio et au conseiller principal Massad Boulos, dont les consultations régionales ont, selon elle, "apporté de la nuance, de la profondeur et une dimension humaine à ce processus".
Elle a également souligné que la RDC appréciait "les initiatives soutenues par les États-Unis qui promeuvent des chaînes de valeur des minerais sécurisées et une croissance économique inclusive", insistant sur le fait que "la paix et la prospérité sont indissociables".
« Chaque pas vers la stabilité est un pas vers la dignité, vers l’emploi et vers l’éducation. C’est la promesse d’un investissement responsable et d’un partenariat fondé sur des principes avec la RDC, un pays qui non seulement émerge d’un conflit, mais se trouve aussi au cœur de la recherche de solutions aux défis mondiaux », a-t-elle poursuivi.
À l’attention de ses compatriotes, notamment à l’Est du pays, Wagner a reconnu leur scepticisme :
« Nous savons que vous suivez ce moment avec inquiétude, avec espoir, et oui, avec scepticisme. Et vous avez raison. Vous avez toutes les raisons d’attendre plus que des promesses. Vous avez droit à des actions à la hauteur des souffrances que vous avez endurées. »
« Notre souveraineté et notre territoire ne sont pas négociables », a-t-elle martelé, ajoutant :
« Les frontières que nous avons héritées, telles que confirmées par l’Union africaine, sont permanentes et ne changeront jamais. Mais au-delà de ces lignes, il y a des histoires partagées, des familles et des communautés qui nous lient. »
Elle a conclu en affirmant :
« La paix n’est pas une faiblesse, c’est une force. […] Et nous, la République Démocratique du Congo, sommes déterminés à aller de l’avant, en nous appuyant sur les leçons du passé. Nous nous présentons comme une nation dédiée à la réalisation d’une paix durable. […] Et j’exprime l’espoir solennel que toutes les parties saisiront cette opportunité, tout comme nous, la RDC, avons choisi de le faire. »
Contexte :
La RDC et le Rwanda ont signé vendredi à Washington une déclaration de principes visant à normaliser leurs relations, avec l’appui des États-Unis. Le texte engage les deux pays à la reconnaissance mutuelle de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale, à prendre en compte les préoccupations sécuritaires, à promouvoir l’intégration économique régionale, à faciliter le retour des personnes déplacées, à soutenir la MONUSCO, et à élaborer un accord de paix.