RDC : Olivier Kamitatu propose la création d’une République Fédérale et plaide pour une autonomie régionale renforcée face aux défis actuels

 

Le directeur de cabinet de l’opposant Moïse Katumbi a détaillé dans une tribune publiée vendredi, sa proposition pour la création d’une République Fédérale du Congo. Ancien président du Parlement de Transition et acteur clé dans l’élaboration de la Constitution actuelle, Olivier Kamitatu a souligné que la structure de gouvernance centralisée de la République Démocratique du Congo (RDC) n’a pas permis de répondre aux défis auxquels le pays est confronté, notamment la gestion des ressources naturelles, la pauvreté et les conflits armés.

Dans sa proposition, Kamitatu plaide pour un système fédéral structuré autour de cinq grandes régions : l’Orientale, l’Équateur, le Kongo, le Kasaï et le Katanga. Ces régions seraient autonomes, disposant chacune d’un gouvernement local élu avec des pouvoirs constitutionnels clairs, incluant la gestion de leurs propres ressources naturelles et la mise en œuvre de politiques adaptées à leurs réalités économiques, sociales et culturelles.

Il estime que ce redécoupage, inspiré des anciennes provinces coloniales et post-indépendance, pourrait offrir une gouvernance plus proche des citoyens, réduire les inégalités et mieux gérer la diversité culturelle du pays.

L’objectif principal de cette réforme serait de “répondre aux besoins spécifiques de chaque région”. Kamitatu met en avant la nécessité de valoriser les atouts économiques de chaque région, comme le Katanga, riche en minéraux, l’Orientale, carrefour commercial stratégique, le Kongo, avec son potentiel portuaire, l’Équateur, à forte vocation agricole, et le Kasaï, reconnu pour sa richesse en diamants et ses potentialités agricoles.

Le leader politique souligne également l’importance de renforcer la gestion locale des richesses naturelles. Actuellement, les revenus générés par ces ressources sont souvent mal redistribués et contrôlés par le pouvoir central, ce qui conduit à des inégalités croissantes. Dans un système fédéral, chaque région disposerait d’une partie significative des revenus générés par ses ressources (proposant un partage de 60% des revenus locaux pour les régions), tout en contribuant à un fonds d’égalisation pour les régions moins dotées.

Kamitatu propose aussi que le système fédéral soit accompagné de réformes institutionnelles, avec des mécanismes de solidarité nationale et de contrôle citoyen renforcés. Il suggère qu’un Fonds d’Égalisation Interrégional soit mis en place pour compenser les disparités économiques entre les régions, avec un soutien accru pour les régions historiquement défavorisées. Ce fonds serait alimenté par les 30% des recettes nationales collectées par le gouvernement fédéral, qui seraient affectés à des missions nationales comme la défense, la diplomatie et la sécurité.

Ce modèle fédéral permettrait, soutient-il, de mieux gérer les défis de sécurité, notamment dans les zones affectées par les conflits armés dans l'Est du pays. En permettant aux autorités locales de mieux contrôler leur environnement, il estime que cette structure fédérale réduirait la dépendance des régions vis-à-vis du pouvoir central et offrirait une réponse plus efficace aux préoccupations locales, notamment en matière de sécurité et de développement.

Enfin, Kamitatu souligne que cette proposition de fédéralisme ne serait pas une rupture avec l’unité nationale, mais plutôt un moyen de consolider cette unité à travers la valorisation des identités régionales dans un cadre commun. Selon lui, ce système pourrait offrir un meilleur équilibre entre l’autonomie des régions et la préservation de l’intégrité territoriale du pays, tout en réduisant les tensions qui existent actuellement entre les différentes communautés ethniques et les pouvoirs centraux.

Cette proposition intervient dans un contexte où le pays fait face à l’aggravation de la situation sécuritaire dans l’Est, avec la progression de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, et le retour annoncé de l’ancien président Joseph Kabila. Kamitatu, qui avait précédemment rejeté toute modification de la Constitution sous l’initiative du président Félix Tshisekedi, semble désormais prôner une réforme profonde de la structure étatique, loin de la centralisation du pouvoir telle qu’elle existe actuellement. Il appelle à un dialogue national pour débattre de cette réforme et réinventer le Congo en un pays plus prospère et plus juste.