À l’occasion de la Journée mondiale du rein, le Desk Femme a rencontré ce 13 mars quelques femmes souffrant d'insuffisance rénale à Kinshasa pour explorer leur quotidien et les défis auxquels elles sont confrontées. Afin de préserver leur anonymat, les prénoms utilisés sont fictifs.
Élysée, 35 ans et mère de deux enfants, se souvient parfaitement du moment où sa vie a pris un tournant inattendu. Tout a commencé par une fatigue intense, des douleurs lombaires et une sensation de faiblesse qu’elle ne parvenait pas à expliquer. "Je pensais que c’était simplement un épuisement dû au travail, mais la douleur persistait et mes jambes ont commencé à enfler", raconte-t-elle.
Après plusieurs mois de souffrance, elle a finalement consulté un médecin, qui lui a annoncé que ses reins étaient gravement endommagés. Depuis deux ans, Élysée vit avec cette maladie. "Le traitement est coûteux et les dialyses sont rares, souvent indisponibles. Parfois, il faut attendre des jours avant de pouvoir en bénéficier." La situation est d’autant plus difficile qu’elle doit jongler entre son travail et la prise en charge de ses enfants. "Je me sens épuisée et découragée, mais je n’ai pas d’autre choix que de continuer à avancer pour eux." Elle regrette l'absence de soutien financier et appelle à une meilleure accessibilité aux soins. "Il faut plus de machines de dialyse et un soutien pour les patients à faibles revenus."
De son côté, Dorcas, 42 ans, n'oubliera jamais le moment où elle a remarqué des œdèmes dans ses jambes. Au début, elle n'y prêta pas attention, pensant que cela relevait simplement d’une mauvaise circulation. Mais l’enflure persista et s’accompagna de douleurs de plus en plus insupportables. Lorsqu’elle consulta enfin un médecin, le verdict tomba : insuffisance rénale aiguë. Cela fait maintenant trois ans qu'elle lutte contre cette maladie, et les défis s'accumulent. "Je n’ai pas accès aux soins nécessaires. Les dialyses sont rares et coûteuses, et parfois il faut attendre des mois pour en obtenir", déplore-t-elle. Le fardeau est d'autant plus lourd qu’elle doit prendre soin de sa famille en parallèle. "En tant que femme, je me sens souvent seule face à tout cela. J’ai la responsabilité de tout gérer, et la maladie me prive de l’énergie nécessaire." Dorcas insiste sur l’importance d’une meilleure organisation du système de santé. "Il faut une prise en charge plus rapide et un soutien financier pour les femmes malades. Sans cela, nous allons continuer à souffrir en silence."
Jeanne, 33 ans, n’a jamais oublié le jour où des douleurs inexpliquées et une perte de poids soudaine ont attiré son attention. "Je pensais que c’était un simple problème digestif, mais la situation a empiré. Mes urines ont changé de couleur et c’est là que j’ai su que quelque chose n’allait pas." Le diagnostic d’insuffisance rénale est tombé peu après, et elle doit maintenant faire face à cette maladie depuis quatre ans. "Le plus dur, c’est d’attendre des traitements dans des hôpitaux qui manquent cruellement de ressources. Parfois, je dois patienter pendant des mois avant d’obtenir un créneau pour une dialyse." Malgré la souffrance, Jeanne garde l’espoir. "Je continue à me battre, mais c’est difficile d’être une femme dans cette situation. La société attend beaucoup de nous, et la maladie nous prive de cette force." Elle plaide pour une meilleure gestion des équipements médicaux et une plus grande disponibilité des soins. "Les femmes doivent être mieux soutenues, et l’accès aux traitements doit être facilité. Il est urgent que les autorités réagissent."
Monique, 40 ans, se souvient également du jour où elle a commencé à ressentir une soif excessive et des douleurs rénales. "Au début, je pensais que c’était simplement dû à la chaleur. Mais peu à peu, j’ai vu mon ventre gonfler et j’ai compris que cela n’avait rien d’ordinaire." Après des examens, le diagnostic d’insuffisance rénale a été posé. Cela fait maintenant deux ans que Monique souffre, et la réalité est difficile à accepter. "Le traitement est trop cher, et il n’y a pas assez de machines de dialyse disponibles. Il faut souvent attendre des mois pour être prise en charge", explique-t-elle. Le défi est d’autant plus grand qu’elle est la principale responsable des tâches ménagères et de l’éducation de ses enfants. "Les femmes doivent gérer à la fois leur maladie et leur foyer. C’est accablant." Monique appelle les autorités à investir davantage dans le secteur de la santé, à offrir des traitements abordables et à fournir un soutien psychologique aux femmes malades. "Il est crucial que nous soyons mieux informées sur les signes de la maladie et que nous recevions des soins adaptés."
Chantal, 27 ans, a vu sa vie basculer le jour où elle a ressenti des douleurs dans les reins et des vertiges inquiétants. "Je pensais que c’était un simple mal de dos, mais un jour, je me suis évanouie. Là, j’ai compris que c’était bien plus grave." Le diagnostic d’insuffisance rénale a été un choc, et cela fait un an qu’elle vit avec cette réalité. "C’est une maladie qui m’épuise au quotidien. Les traitements sont rares et les dialyses sont souvent inaccessibles", déclare-t-elle. Pour Chantal, la maladie est un fardeau supplémentaire dans une vie déjà bien remplie. "Je suis mère, et j’ai la responsabilité de tout gérer à la maison. Mais cette maladie me prive de l’énergie nécessaire pour m’occuper de mon enfant et de ma famille." Elle insiste sur l’urgence de réformer le système de santé pour offrir des soins accessibles à toutes. "Les femmes ne doivent pas être laissées seules face à leur maladie. Les traitements doivent devenir plus accessibles et plus abordables pour les plus vulnérables."
Les témoignages de ces femmes révèlent une réalité de souffrance et de défis quotidiens. Au-delà de la douleur physique, elles font face à une prise en charge médicale insuffisante, des coûts prohibitifs et l'isolement social. Pourtant, malgré cette condition de vie, elles continuent de se battre, nourrissant l'espoir d'un changement, d'un avenir où elles ne seraient plus seules dans leur lutte contre l’insuffisance rénale.
Nancy Clémence Tshimueneka