Kinshasa ne fléchit pas en dépit de l’offensive intensive et extensive de l’AFC/M23: "le processus de Nairobi reste une option et la seule issue"

Thérèse Kayikwamba Wagner face aux ambassadeurs et diplomates accrédités en RDC
Thérèse Kayikwamba Wagner face aux ambassadeurs et diplomates accrédités en RDC

La progression continue de la rébellion du M23 appuyée par l'armée rwandaise dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu est jusque-là loin pour faire fléchir le gouvernement à opter pour un dialogue direct avec le mouvement rebelle comme réclamé depuis sa résurgence en 2021 dans l'Est de la République Démocratique du Congo. D'aucuns estimaient que l'occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion allait changer la donne mais Kinshasa reste catégorique. Ce mercredi 5 mars devant les ambassadeurs et corps diplomatiques accrédités en RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des affaires étrangères, a affirmé que le processus de Nairobi reste la seule voix à suivre pour la rébellion du M23/AFC.

"Nous avons quand même réitéré le fait que le processus de Nairobi restait une option et la seule issue pour le M23 et encore une fois, je réitère aussi le fait que que le président honoraire Uhuru Kenyatta facilitateur du processus de Nairobi a la pleine confiance du président Félix Tshisekedi qui lui a donné justement carte blanche de faire usage de son rôle en tant que facilitateur pour engager les différents groupes armés en fonction aussi de son évaluation", a déclaré Mercredi 5 mars 2025 à Kinshasa la cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner.

Outre Nairobi, des avancées étaient déjà enregistrées à travers le processus de paix de Luanda (Angola) mais qui est aujourd’hui à l'arrêt en dépit des contacts maintenus entre les parties congolaise et angolaise.

"Il y a eu, il y a des échanges continus entre les chefs d'État, surtout entre le président Tshisekedi et João Lourenço. Nous saluons l'engagement continu de l'Angola pour ne pas ne pas mettre en péril les acquis du processus de Luanda et œuvrer pour leur consolidation. Nous saluons aussi l'engagement politique continu du Président João Lourenço, je pense que c'est une question vraiment de quelques jours où nous allons voir tout cela prendre une forme beaucoup plus claire et nous allons aussi sortir un peu des spéculations", a souligné Mme Kayikwamba.

La diplomate plaide pour la relance rapide des pourparlers de Nairobi et de Luanda fusionnés. "C'est une priorité que ces processus reprennent", a-t-elle dit. 

Les processus de Luanda (Angola) et de Nairobi (Kenya) seront fusionnés dans les prochains jours. C'est l'une des résolutions du sommet conjoint des chefs d'État et de gouvernement de la communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC). En ordonnant la fusion de ces deux processus, ces assises de Dar-es-Salaam viennent d'officialiser la tenue des discussions directes entre Kinshasa et la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.

Conformément au communiqué final rendu à l'issue des travaux tenus à Dar-es-Salaam, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn Boshe ont été désignés facilitateurs du processus de paix conjoint EAC-SADC pour l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Ces nominations interviennent alors que les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23/AFC se poursuivent dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, malgré les initiatives diplomatiques en cours. La lenteur observée dans cet aspect est à la base de la progression du M23 et 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU. Ils ont pris Goma et Bukavu et poursuivent la percée au Sud-Kivu aggravant encore davantage la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC.

Clément MUAMBA