Est de la RDC: suite aux offensives de l’AFC/M23, les groupes armés ADF et CODECO exploitent la déstabilisation et la dispersion de l’armée pour intensifier leurs attaques contre les civils en Ituri (ONU)

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

Alors que les combats dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) se propagent depuis la prise par les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda, des villes de Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu), certains groupes armés tels que les ADF et CODECO profitent de la dispersion des forces loyalistes pour semer la désolation en s'attaquant aux populations civiles dans la province de l'Ituri.

Tel est le constat fait jeudi 27 février 2025 par Bruno Lemarquis, Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires lors du lancement du plan de réponse humanitaire pour l'année 2025. À l'en croire, actuellement la RDC fait face à une polycrise d'une ampleur inédite.

"La situation aujourd’hui en République Démocratique du Congo est bien plus qu’une simple aggravation de la crise existante. Nous sommes face à ce que nous appelons une polycrise d’une ampleur inédite. Une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri à la province du Tanganyika. Tandis que l’offensive du M23 et des Forces Rwandaises de Défense se poursuit, d’autres groupes armés, et notamment les groupes ADF le plus meurtrier en RDC  et CODECO exploitent la déstabilisation et la dispersion des forces nationales de sécurité pour intensifier leurs attaques contre les civils dans d’autres régions", a déploré Bruno Lemarquis.

Les affrontements entre différents groupes armés dans le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, dans le Nord-Est de la RDC, ont fait plus de 100 morts depuis le début du mois de février 2025, rapportent les sources humanitaires. La majorité des victimes sont des femmes et des enfants et même des déplacés résidant dans certains sites.

Une attaque du groupe CODECO a été menée près du site des déplacés de Djaiba, dans le territoire de Djugu où il a fait face à une riposte conjointe des FARDC et de la MONUSCO. La présence des miliciens a semé la panique poussant les déplacés et des habitants du village voisin de Laudjo à trouver refuge devant l’entrée de la base militaire de la MONUSCO, où ils ont passé la nuit.

"Chaque jour qui passe, les vies humaines ainsi que les villages sont détruits dans la Province de l'Ituri… J'ai compris que les morts de l'Ituri n'intéressent pas l'opinion. Nous mourrons certes, mais nous ouvrons les yeux tous les jours", a déploré le député national Gratien Iracan, élu de Bunia (Ituri).

Dans les territoires de Djugu et de Mahagi, les groupes armés CODECO et Zaïre s'affrontent, prétendant protéger les intérêts des communautés Lendu et Hema respectivement. Ces violences se poursuivent depuis des années, avec une relative accalmie entre 2007 et 2017.

La reprise de violences depuis fin 2017 a entraîné la perte de vies humaines, de profonds traumatismes, des déplacements massifs et une augmentation des besoins humanitaires. Les groupes armés sont également accusés de violations du droit international humanitaire.

En 2024, quelque 1,36 million de personnes, soit environ 18% de la population de la province, avaient été déplacées en raison des violences, souvent pour de longues périodes.

Clément MUAMBA