RDC : Kinshasa exige des sanctions ciblées contre la chaîne de commandement de l’armée rwandaise et les responsables politiques de Kigali

ACTUALITE.CD

La République démocratique du Congo a exhorté mardi le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter des sanctions ciblées contre la chaîne de commandement de l'armée rwandaise (RDF) et les responsables politiques de Kigali, dénonçant une "agression manifeste" et une crise humanitaire d’ampleur croissante à Goma.

« À quel seuil de catastrophe humanitaire et de violations flagrantes de notre territoire devrez-vous enfin agir pour sanctionner les responsables du M23, les officiers rwandais et leurs complices ? », a lancé la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors d’une intervention devant le Conseil de sécurité.

Cinq exigences majeures de Kinshasa

Kinshasa a présenté une liste de cinq demandes urgentes à l’ONU pour contrer ce qu’elle qualifie d’"offensive militaire rwandaise" :

  1. Le retrait immédiat des troupes rwandaises et la cessation des hostilités.
  2. Des sanctions ciblées contre la chaîne de commandement de l’armée rwandaise et les responsables politiques de Kigali.
  3. Un embargo sur les ressources naturelles déclarées comme rwandaises, en particulier le coltan et l’or.
  4. La révocation du Rwanda en tant que contributeur de troupes aux Nations Unies.
  5. Une transparence totale sur les transferts d’armes à destination du Rwanda et un arrêt immédiat de ces livraisons.

Une mise en garde contre l'inaction du Conseil de sécurité

La cheffe de la diplomatie congolaise a fustigé l’inaction du Conseil, affirmant que l’agression ne se limite pas à un conflit régional, mais constitue une menace pour la stabilité internationale.

« Nous sommes un pays africain sous attaque. Mais cette attaque dépasse nos frontières. Elle est une attaque contre le multilatéralisme, contre les principes même des Nations Unies, contre chacun de nous », a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner.

Elle a averti que si les Nations Unies n’agissent pas rapidement, "la rue prendra le relais".

« Si ce Conseil échoue, la rue va s’en charger. Comme vous le savez très bien, la rue n’a pas d’ordre, ni de tempérament », a-t-elle prévenu, en référence aux manifestations violentes qui ont déjà éclaté en RDC contre les ambassades occidentales et africaines.

Une crise humanitaire aggravée à Goma

Alors que les combats entre les Forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise, se poursuivent à Goma, la ministre a rappelé que la situation sur le terrain ne cesse de se détériorer.

« Il y a 48 heures, nous avons alerté ce Conseil sur la déclaration de guerre du Rwanda contre mon pays. Aujourd’hui, la ville de Goma est privée d’eau, d’électricité et de toute assistance humanitaire. Des milliers de civils sont piégés », a-t-elle insisté.

Plus de 500 000 personnes ont été déplacées en janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, selon les chiffres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Un appel à la fermeté

Kinshasa a dénoncé la stratégie du Rwanda, qui évoque désormais des affrontements touchant son propre territoire.

« Mais que pouvait-il espérer ? Une guerre ne connaît pas de frontières. Elle est sale, elle consume tout sur son passage », a déclaré la ministre.

Elle a conclu en appelant la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour éviter une tragédie régionale et empêcher que le Conseil de sécurité ne soit complice par son inaction.