Une accalmie relative est observée depuis la mi-journée de mardi 28 janvier à Goma, après plusieurs jours de combats intenses entre l'armée congolaise et les rebelles du M23, qui semblent désormais contrôler une grande partie de la ville.
Des pillages de commerces, de bureaux et d'entrepôts d'organisations humanitaires ont été signalés. Des tirs d’armes lourdes et des explosions ont encore été entendus dans certains quartiers, tandis que des sources humanitaires, citées par OCHA, font état d’agressions sexuelles perpétrées par des éléments armés, sans préciser leur appartenance.
De nombreux corps sans vie jonchent les rues, mais aucun bilan officiel n’est disponible. « Il est difficile d’établir un chiffre exact, mais les pertes humaines pourraient être significatives », a indiqué une source humanitaire.
Depuis la mi-journée du 26 janvier, l’eau et l’électricité sont coupées à Goma. L’accès à Internet a également été interrompu le 27 janvier à 13h, compliquant les opérations de coordination humanitaire. Seuls les réseaux de téléphonie mobile restent fonctionnels. Plusieurs infrastructures, notamment des installations d’eau, d’hygiène et d’assainissement, ont été détruites, aggravant la situation des populations déplacées.
Plus de la moitié des habitants des sites de déplacés de Kanyaruchinya, Bushagara, Rusayo 1 et Rusayo 2 ont quitté ces zones, certains se dirigeant vers Goma, d’autres trouvant refuge dans des infrastructures collectives comme des écoles.
Les structures de santé sont débordées et peinent à gérer l’afflux de blessés graves, dans un contexte marqué par les coupures d’eau et d’électricité. L’évacuation médicale devient de plus en plus difficile, certaines ambulances ayant été prises pour cible. Un chauffeur d’ambulance a été touché par balle le 28 janvier.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), plus de 256 blessés ont été enregistrés à l’hôpital de Ndosho, tandis que Médecins Sans Frontières a indiqué avoir pris en charge plus de 61 blessés à l’hôpital de Kyeshero.
L’aéroport de Goma est fermé depuis le 26 janvier, entraînant la suspension du trafic aérien, y compris les vols humanitaires et les rotations du personnel humanitaire. La plupart des axes routiers reliant la ville au reste du pays sont également coupés.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a noté un risque de détérioration générale de l’ordre public à Goma après l’évasion de 4.763 prisonniers de la prison centrale de Muzenze, survenue lundi.
Mardi matin, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est entretenu par téléphone avec Félix Tshisekedi, Président de la RDC, et son homologue rwandais Paul Kagame. « Ils ont évidemment évoqué la situation actuelle dans l’est de la République démocratique du Congo », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU.
Lors de l’échange avec Paul Kagame, « l’accent a été mis sur la nécessité de protéger les civils », a-t-il précisé.
Par ailleurs, le Président congolais Félix Tshisekedi a nommé le général-major Somo Kakule Evariste comme gouverneur militaire du Nord-Kivu, en remplacement du général-major Peter Cirimwami, tué lors des combats pour la défense de Goma.