Alors que le M23, soutenu par Kigali selon Kinshasa, est désormais positionné à une dizaine de kilomètres de Goma, Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, a exprimé ce samedi son indignation face à l’inaction de la communauté internationale.
« Quand la communauté des États cessera-t-elle de fermer les yeux sur la tragédie congolaise et d’accepter ou de tolérer les violations systémiques du droit international et des droits humains ?! Il est temps d’agir, de cesser les condamnations creuses et d’adopter des sanctions politiques et économiques contre le régime criminel de Kigali », a déclaré Mukwege dans un message publié sur les réseaux sociaux.
La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC continue de se détériorer, avec des affrontements intenses impliquant les Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par des milices locales, contre le M23 et des éléments rwandais.
Cinq jours plus tôt, Denis Mukwege s’était également exprimé sur la situation à Minembwe et dans les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu, préoccupé par la présence de groupes armés nationaux et étrangers. « Nous appelons à la désescalade et à la protection des civils. Nous exhortons le gouvernement congolais à mettre fin au phénomène des “groupes armés” par la mise en place d’une armée républicaine », avait-il déclaré, tout en insistant sur la nécessité d’éviter les discours de haine et les incitations à la violence pour préserver la cohésion sociale.
Il y a six jours, Mukwege avait également critiqué l’attitude des pays africains membres du Conseil de sécurité des Nations unies, qu’il accuse de ne pas reconnaître et sanctionner la « guerre d’occupation et d’agression » menée par le Rwanda dans l’Est de la RDC.
« Nous déplorons que les réticences à nommer et à sanctionner cette guerre viennent des pays africains membres du Conseil de sécurité : la Sierra Leone, l’Algérie et la Somalie. L’Afrique ne pourra émerger que lorsqu’elle sera solidaire de la souffrance de ses populations. Il est temps de changer de cap », avait-il déclaré au lendemain des commémorations de l’assassinat de Patrice Lumumba.
Mukwege, connu pour son engagement en faveur des droits humains et des victimes de violences dans l’Est de la RDC, continue de dénoncer l’inaction face à une crise qu’il qualifie de « tragédie humanitaire et sécuritaire sans précédent ».
La ville de Goma reste sous pression, alors que les FARDC tentent de contenir l’avancée du M23. Les violences ont entraîné un exode massif des populations civiles et une aggravation de la crise humanitaire.