INPP Kisangani : Des filières stratégiques pour former 5 000 stagiaires par an et redynamiser l'économie de la Tshopo

Le chantier INPP
Le chantier INPP

Dans la province de la Tshopo, carrefour stratégique au cœur de la RDC, le déficit en main-d’œuvre qualifiée freine les ambitions de développement économique. L’Institut National de Préparation Professionnelle (INPP) de Kisangani, soutenu par un financement de 5 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD), se positionne comme un acteur clé pour répondre à ce défi. Ce projet, qui combine modernisation des infrastructures et formation des formateurs, vise à aligner les compétences locales avec les besoins spécifiques des secteurs économiques de la province.

Avec la réhabilitation d’un bâtiment existant et la construction d’un centre ultramoderne, l’INPP prévoit d’augmenter sa capacité d’accueil de manière significative. « Nous serons en mesure de quadrupler nos effectifs de formation et de répondre à la demande croissante à Kisangani et dans ses environs », déclare Pierrot Loango, directeur provincial de l’INPP. À terme, l’institution pourra former jusqu’à 5 000 stagiaires par an, contre une capacité bien plus modeste auparavant. Les nouveaux locaux permettront également d’accueillir simultanément 945 stagiaires, un progrès majeur pour la région.

Le projet se distingue par son approche intégrée, qui ne se limite pas aux bâtiments. « Ce second projet n’est pas simplement limité à l’infrastructure, mais également à l’humain. Nous avons amélioré les compétences de nos formateurs et de nos administratifs, ce qui aura un impact direct sur les produits de formation », souligne Pierrot Loango. Cette ambition s’étend également aux jeunes de la région, avec des formations adaptées aux besoins économiques locaux et aux réalités environnementales.

La Tshopo, connue pour sa vocation agricole et forestière, doit désormais répondre à des défis globaux tels que le réchauffement climatique. Pour cela, l’INPP mise sur des formations en lien avec les métiers verts. « La Tshopo, c’est la plus grande province en termes de superficie et la région abrite une partie significative de la forêt équatoriale. Nous voulons valoriser les métiers liés à la gestion durable des ressources naturelles et aux énergies renouvelables », insiste Loango.

Cependant, des défis structurels persistent. La construction du nouveau centre, initialement prévue pour être achevée en septembre 2024, a été retardée de dix mois en raison des contraintes d’approvisionnement et des conditions climatiques. Ce décalage illustre les réalités d’une province enclavée comme la Tshopo. Pierrot Loango explique : « Les pluies ont ralenti les travaux, et les problèmes d’approvisionnement liés à l’enclavement de Kisangani n’ont pas facilité les choses. Nous espérons finaliser les travaux d’ici mars 2025. »

Le sous-emploi des jeunes représente un autre défi majeur. Avec une population nationale de près de 100 millions d’habitants, dont 65 % ont moins de 24 ans, la RDC fait face à une pression démographique importante. L’INPP Kisangani espère non seulement former ces jeunes, mais aussi s’assurer qu’ils trouvent un emploi dans des secteurs clés tels que le bâtiment, l’agro-alimentaire et les énergies renouvelables. « Nous voulons répondre aux besoins de Kisangani et de ses environs, mais aussi faire de cette région un carrefour de compétences pour toute la RDC », affirme Loango.

En investissant dans la formation professionnelle, l’AFD et l’INPP parient sur une transformation durable de l’économie de la Tshopo. Ce projet, qui combine la modernisation des infrastructures et l’adaptation des formations aux réalités locales, offre un modèle pour d’autres régions du pays. « C’est un projet ambitieux, qui va au-delà des bâtiments. Il modernise nos pratiques et forme une nouvelle génération prête à relever les défis économiques et environnementaux de notre province », conclut Pierrot Loango. Avec une telle initiative, la Tshopo pourrait devenir un modèle pour le développement de la formation professionnelle en RDC.