Kinshasa: la commission Matata Ponyo recommande l’intensification d’une campagne de sensibilisation massive dénommée « BOSOTO EZA KINDOKI » / « BOYE TÉ », assortie de sanctions sévères

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Des déchets/Photo droits tiers

MLa commission ad hoc sur l’insalubrité, les constructions anarchiques et les embouteillages à Kinshasa, mise en place par l’Assemblée nationale, a déposé son rapport de mission.

Dans celui-ci, la commission dirigée par Matata Ponyo décrit l'insalubrité comme un phénomène multidimensionnel nécessitant « une approche holistique et intégrée allant de la sensibilisation des citoyens à l’amélioration de la gouvernance, en passant par le renforcement des infrastructures ».

« L'insalubrité à Kinshasa est une problématique multidimensionnelle qui appelle des interventions coordonnées et ciblées entre les autorités politiques et les populations. Elle reflète des défaillances comportementales, urbanistiques, environnementales, sanitaires, culturelles, esthétiques et de gouvernance. Pour relever ce défi, il est impératif d'adopter une approche holistique et intégrée, combinant sensibilisation des citoyens, renforcement des infrastructures et amélioration de la gouvernance. Ces efforts collectifs permettront non seulement d'améliorer la qualité de vie des habitants, mais aussi de redonner à la ville de Kinshasa son rôle de capitale digne et prospère », explique la commission ad hoc dans son rapport.

C’est pourquoi, cette dernière a formulé plusieurs recommandations pour y parvenir. Parmi elles figure l’intensification de la sensibilisation, assortie de sanctions sévères pour les récalcitrants.

« Entamer une campagne de sensibilisation massive intitulée “BOSOTO EZA KINDOKI” / “BOYE TÉ” à travers les radios, la télévision, les médias en ligne ; dans les églises, les écoles ; avec l'appui des citoyens, des leaders communautaires, des institutions privées. Cette campagne doit annoncer des sanctions sévères à toute personne qui jette des déchets dans un espace public. Tolérance zéro », insiste la commission.

Matata Ponyo et son équipe recommandent également des actions à impact visible :

  • Lancer des campagnes de nettoyage intensif et de grande visibilité dans les principaux axes de la ville et les lieux publics stratégiques comme les marchés, les gares et les rivières obstruées par des déchets.
  • Installer des points de collecte bien identifiés dans les quartiers et les avenues pour désengorger les zones saturées par les ordures, en attendant des solutions plus structurelles.
  • Mettre immédiatement fin à tous les marchés de fortune, cabines de vente de services téléphoniques et toute activité informelle autour de l’Hôtel de ville de Kinshasa, des enclos et des avenues d’accès à ces immeubles.
  • Recenser toutes les PME disposant d'une capacité productive avérée et les impliquer dans le processus de recyclage.
  • Mettre immédiatement fin aux marchés de fortune et activités informelles situés dans les carrefours, à proximité des ponts et sauts-de-mouton, ou le long des axes routiers, en menant une campagne intensive et en appliquant strictement les sanctions.
  • Nettoyer et réhabiliter, dans un délai de deux semaines, les immeubles principaux abritant les services communaux dans les 24 communes de la ville, ainsi que l’Hôtel de ville de Kinshasa, leurs enclos et leurs avenues d’accès.

Les causes identifiées par la commission
La commission attribue l’insalubrité généralisée à Kinshasa notamment à :

  • Une gestion inadéquate des déchets accentuée par la pression démographique.
  • L’absence de services municipaux efficaces de collecte.
  • Une culture de déversement anarchique des déchets dans les caniveaux, rivières et espaces publics.

Conséquences de l’insalubrité
Ces défaillances entraînent :

  • La prolifération de maladies (choléra, typhoïde, malaria, etc.).
  • La dégradation de l’espace de vie et de l’environnement urbain.
  • Une réduction de l’attractivité économique et touristique.

Lors de la plénière du 7 novembre dernier, le député Matata Ponyo avait sollicité la création d’une commission ad hoc sur l’insalubrité à Kinshasa. Quelques jours plus tard, Vital Kamerhe a élargi la mission de cette commission pour inclure les embouteillages et les constructions anarchiques, formant ainsi ce qu’ils ont appelé le « triangle de la mort ».

Un travail d’envergure
Constituée d’environ 30 députés et d’une dizaine d’experts, la commission Matata Ponyo a travaillé pendant 20 jours pour analyser ces problématiques et proposer des solutions concrètes.