William Ruto prend la présidence de l'EAC : défis sécuritaires et tensions régionales au cœur de son mandat

William Ruto et Salva Kiir
William Ruto et Salva Kiir

Le président kényan William Ruto a officiellement pris la présidence tournante de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) ce samedi, succédant à Salva Kiir, président du Soudan du Sud. Cette passation intervient dans un contexte de défis régionaux persistants, notamment la sécurité dans l'est de la RDC et les difficultés financières de l'organisation régionale.

Salva Kiir a quitté la présidence de l’EAC après une période marquée par des timides initiatives diplomatiques pour stabiliser l'est de la RDC. Lors d’un sommet extraordinaire en juin 2024, il avait supervisé des discussions sur la crise sécuritaire dans la région, mettant en lumière les tensions entre la RDC et les autres États membres. Malgré ces efforts, les résultats ont été jugés mitigés, notamment après l’échec du mandat de la Force régionale de l’EAC (EACRF) en décembre 2023.

"Nous devons renforcer notre engagement à résoudre les défis de sécurité régionaux tout en préservant l'intégrité de notre communauté", avait déclaré Salva Kiir en juin.

Le président William Ruto hérite de ces dossiers complexes. Bien que le Kenya ait déployé des troupes sous l’EACRF en 2022, les relations avec Kinshasa se sont détériorées. En juillet 2024, le président Félix Tshisekedi avait critiqué Ruto, l’accusant de partialité en faveur du Rwanda dans le processus de paix de Nairobi.

"Nous attendons un leadership impartial qui respecte les préoccupations de tous les membres", avait martelé Tshisekedi à cette occasion.

Ruto, pour sa part, s’est engagé à poursuivre les efforts pour renforcer la paix et l’intégration régionale. Son rôle sera scruté de près alors que la RDC s’est tournée vers la SADC pour une éventuelle intervention militaire dans l'est du pays.

Outre les questions sécuritaires, Ruto devra faire face aux problèmes financiers de l’EAC. En juin 2024, la RDC, le Burundi et le Soudan du Sud figuraient parmi les principaux débiteurs, avec des arriérés de contributions totalisant plus de 34 millions de dollars. Ce déficit compromet la capacité de l’organisation à réaliser ses objectifs.

"Les États membres doivent honorer leurs engagements financiers pour garantir l’efficacité de nos missions régionales", avait insisté un porte-parole de l’EAC en juillet.

La présidence de William Ruto pourrait redéfinir le rôle de l’EAC dans la gestion des conflits régionaux et la promotion de l’intégration économique. Les observateurs estiment que son succès dépendra de sa capacité à naviguer entre les intérêts divergents des membres tout en rétablissant la confiance avec des partenaires comme la RDC.

Le mandat de la Force régionale de l’EAC, déployée en novembre 2022 pour stabiliser l'est de la RDC, a pris fin en décembre 2023 sans renouvellement. Kinshasa a exprimé sa frustration face à l’inefficacité de la mission. Depuis, la RDC explore des alternatives, notamment une intervention accrue de la SADC.

Malgré ces défis, la Communauté d'Afrique de l'Est reste un acteur clé pour la stabilité et l'intégration en Afrique de l'Est, avec des attentes croissantes à l'égard de la présidence kényane.