Félix Tshisekedi attendu ce dimanche au Centre Missionnaire Philadelphie

Photo d'illustration
Félix Tshisekedi en campagne électorale à Lubumbashi

Ce dimanche à 16h, le président Félix Tshisekedi participera à un culte spécial au Centre Missionnaire Philadelphie, situé au croisement des avenues Haut Commandement et Prince de Liège, dans le quartier Shaumba à Kinshasa, rapportent à ACTUALITE.CD plusieurs sources. Une équipe d’avance est déjà déployée aux alentours de ce lieu de culte, dirigé par l’apôtre Roland Dalo, joue un rôle spirituel et politique important dans l’entourage du président. Ce message a été partagé avec les membres du cabinet: "Bonjour à tous, le Chef de l'Etat prendra part au culte à l'église Philadelphia au croisement des avenues Haut Commandement et Prince de Liège (Shaumba).En face de la première defense force terrestre. Aujourd'hui dimanche 24 novembre 2024 à 16h00".

Un lien personnel et institutionnel fort

Le Centre Missionnaire Philadelphie est une église évangélique influente, rattachée à la 37ᵉ Communauté des Assemblées de Dieu au Congo. Sous la direction de Roland Dalo, cette communauté s’est imposée comme un espace de foi mais également de réflexion politique. Bien que catholique, Félix Tshisekedi s’identifie comme un membre actif de cette église, qu’il visite régulièrement. De plus, plusieurs fidèles de Philadelphie occupent des postes clés dans ses cabinets et celui de la Première Dame.

Cette visite intervient dans le cadre de la « Grande célébration Bunda 21 », un programme annuel de 21 jours de jeûne et prière, au cours duquel les fidèles prient pour leur vie spirituelle, leur famille, leurs activités professionnelles et la nation. Ce moment de recueillement spirituel, souvent accompagné de prédications puissantes, est l’un des temps forts de l’agenda religieux de Philadelphie.

Des prédications critiques qui secouent le pouvoir

Ces derniers jours, l’apôtre Dalo a tenu des propos qui ont suscité des réactions mitigées, tant dans la sphère politique que parmi les fidèles. Lors de ses prédications, il a dénoncé les détournements de fonds publics en RDC avec des termes crus et directs.

« Je suis triste et honteux d’être citoyen de la République Démocratique du Congo, un pays où le vol est accepté. Les petits voleurs du grand marché, qui volent des centimes, sont traqués, mais les grands voleurs au niveau de l’État vivent calmement », a-t-il déclaré, sous les applaudissements des fidèles.

Dalo a également critiqué les surfacturations dans les projets publics, soulignant : « Ce qui me choque, c’est de voir même des supposés politiques chrétiens. Dans un pays de surfacturation, une route qu’on devrait réhabiliter à 1 million est facturée jusqu’à 7 millions de dollars. »

Allant plus loin, il a prié pour que les biens mal acquis par des politiciens s’effondrent : « Que vos maisons acquises par le vol s’écroulent. Que des érosions surgissent même là où il n’y en avait pas. »

L’apôtre Dalo a rejeté les accusations de collusion avec le pouvoir ou d’enrichissement personnel. « Moi, je ne sais même pas ce que c’est qu’un carré minier. Cela fait six ans que je côtoie cet homme (Tshisekedi), je ne lui ai jamais demandé de l’argent et je ne lui demanderai jamais. Ce n’est pas l’évangile que j’ai appris », a-t-il affirmé.

Ces déclarations, bien qu’acclamées par de nombreux fidèles, ont provoqué des remous au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti présidentiel. Sur les réseaux sociaux, certains cadres du parti ont vivement critiqué Dalo, le qualifiant d’opportuniste. Des militants ont même annoncé leur intention de se rendre au culte ce dimanche pour demander des explications.

Réactions officielles : apaisement ou rupture ?

Face à cette situation, l’archevêque Ejiba Yamapia, représentant légal des Églises de Réveil au Congo, a présenté des excuses publiques au président Tshisekedi au nom de la communauté évangélique. « Nous exprimons notre soutien au chef de l’État et réaffirmons notre volonté de collaborer avec lui pour le bien de notre nation », a-t-il déclaré, tentant ainsi de calmer les tensions.

Une visite symbolique sous haute tension

En choisissant de participer à ce culte, Félix Tshisekedi envoie un signal clair quant à sa proximité avec Philadelphie, mais la décision pourrait également raviver les débats sur son lien avec cette communauté et sur l’impact des critiques de son leader spirituel. Certains observateurs se demandent si cette visite marque un soutien implicite à l’apôtre Dalo ou une tentative de décrisper les relations.

Le Centre Missionnaire Philadelphie : une église en pleine influence

Fondé en 2008 par Roland Dalo, le Centre Missionnaire Philadelphie s’est imposé comme une référence spirituelle et sociale en RDC. Né en 1964 et formé à l’East Africa School of Theology à Nairobi, Dalo est une figure respectée dans le milieu évangélique congolais. Sa proximité avec Félix Tshisekedi, tout comme ses critiques acerbes de la classe politique, en font une personnalité influente mais controversée.

Lors de la prestation de serment de Félix Tshisekedi en 2019, Dalo avait déjà marqué les esprits en dénonçant la corruption dans les institutions, affirmant qu’il était fatigué de voir des « voleurs » en position de pouvoir.

Une épreuve pour la foi et la politique

Alors que le président Tshisekedi s’apprête à assister à ce culte, de nombreuses questions subsistent : cette visite sera-t-elle un moment de réconciliation ou une simple formalité dans un contexte marqué par la tension ? Le lien entre spiritualité et politique, bien que fort en RDC, semble de plus en plus mis à l’épreuve. La réponse de Félix Tshisekedi, par sa simple présence ou ses éventuelles déclarations, sera scrutée de près par les fidèles, les politiciens et les observateurs.