Ce mercredi matin, devant le palais de justice de Kinshasa, une centaine de personnes se regroupent. Face à elles, un imposant déploiement policier. Le visage tendu, des activistes et militants de l'opposition brandissent des calicots : « En RDC, l’arbitraire ne peut pas devenir la loi », peut-on lire sur l’un d’eux. Les esprits sont échauffés, mais la détermination est palpable.
« L’opposition dépose un mémo auprès du ministre de la Justice. Nous devons encadrer pour éviter toute infiltration. C’est pour cela que nous sommes là », explique calmement le commissaire supérieur Jean-Louis Makasi Paluku, commandant second chargé des opérations de la GMI/Ouest. Il promet que les forces de l’ordre n’utiliseront pas de moyens létaux. « Nous allons négocier. »
Derrière les drapeaux des partis et des organisations de la société civile, l’objectif est clair : dénoncer les arrestations jugées arbitraires. « Sans justice, il n’y a pas d’État. Ceux qui sont au pouvoir veulent tout s’accaparer », déclare Alain Bolodjwa, activiste bien connu des manifestants. « Nous exigeons la libération immédiate de tous les détenus politiques et des activistes. Le pouvoir judiciaire doit être indépendant. »
Bolodjwa ne mâche pas ses mots, pointant directement Félix Tshisekedi, qu’il accuse de tirer les ficelles du système judiciaire. « Le président décide qui doit être arrêté et qui doit être libéré. Certains opposants subissent même des abus physiques. Ils sont incarcérés simplement pour avoir critiqué le pouvoir. »
Un autre manifestant, un peu plus en retrait, s'insurge contre les arrestations liées à la critique de l’état de siège dans l’Est du pays : « Nos frères sont emprisonnés pour avoir parlé, et nous, on nous réprime alors que ce sont les voleurs qu’ils devraient arrêter, pas nous. »
Des vuvuzelas résonnent alors que les visages des détenus sont brandis. Les chants et slogans continuent de monter malgré l’encadrement strict des forces de l'ordre. Le mémorandum que l’opposition s’apprête à remettre pourrait bien exacerber les tensions si les revendications restent lettre morte.
Devant le palais de la nation, la tension est palpable, mais la foule semble prête à maintenir la pression jusqu’au dépôt de leur mémo.
Clément Muamba