Ce prisonnier rampe, ses bras maigres traînant son corps famélique sur le sol poussiéreux de la prison centrale de Makala. Ses jambes, couvertes de plaies ouvertes, ne le portent plus depuis longtemps. Il quitte la prison, mais ses larmes coulent, incrédules. « Je ne peux pas croire ce qui m'arrive », murmure-t-il, la voix tremblante. « J’ai des blessures, des douleurs, mais le ministre m’a libéré. Je vais reprendre ma vie, changer. Je ne volerai plus, je ne prendrai plus ce qui ne m’appartient pas. Je remercie Dieu pour ce miracle. » L’homme, à bout de souffle, semble renaître à chaque mot. Maigre, ses côtes visibles sous une peau tirée, il est l’image d’un corps brisé, mais d’un esprit en résurrection.
Autour de lui, d’autres prisonniers, affaiblis, marqués par des mois, parfois des années d’abandon. Certains sont transportés en brouette, trop faibles pour marcher. Beaucoup sont torses nus, le corps enroulé de bandages grossiers. Les visages expriment la douleur et l'incrédulité. « Regarde comme il est maigre, on voit ses côtes », souffle un gardien en voyant passer un homme soutenu par deux autres détenus. Une file interminable de corps affaiblis s’étire, chacun avec son histoire de survie, chacun avec l’espoir de sortir enfin de cet enfer.
Parmi eux, une jeune femme sourit, les larmes aux yeux : « J’ai fait deux mois ici. Dieu a entendu mes prières. Je remercie le ministre, je suis libre ». Un sourire plus loin, une autre femme raconte son année de détention. « On m’avait arrêtée parce que je m'étais battue avec quelqu'un. Aujourd'hui, je suis libre grâce à ce ministre. »
Ce dimanche, 1 685 prisonniers gravement malades ont été libérés de Makala sous la supervision du ministre d’État et Garde des Sceaux, Constant Mutamba. Une opération qui s'est étendue sur plusieurs heures, de 14h à 20h, avec des bus du ministère et de la société Transco transportant les détenus les plus faibles. Certains, dont l’état nécessitait des soins urgents, ont vu leur prise en charge médicale garantie par le ministre lui-même.
Mutamba, révolté par les conditions de détention des malades, a ordonné des mesures immédiates : désinfection des pavillons, approvisionnement en médicaments et une révision systématique des cas pour désengorger davantage la prison. Le programme, initié en début d'année, a déjà permis la libération de milliers de détenus dans diverses prisons du pays, et doit encore s'étendre aux provinces.
À Makala, la nuit tombe alors que les derniers détenus franchissent les grilles, libres pour la première fois depuis longtemps.