À Kinshasa, les rôles traditionnels au sein du couple évoluent progressivement. Si les femmes congolaises gagnent en autonomie et participent de plus en plus à la vie économique du foyer, les questions de répartition des tâches ménagères et de gestion du budget familial restent des sujets de discussion. Le Desk Femme d'Actualité.cd a rencontré quelques couples pour comprendre comment ils concilient vie professionnelle et vie familiale. Dans les couples kinois interrogés, la répartition des tâches reste encore très traditionnelle.
"Les femmes s'occupent majoritairement des tâches ménagères et de l'éducation des enfants, tandis que les hommes assurent le rôle de pourvoyeur. Chez nous, c'est ma femme qui s'occupe de tout ce qui se passe à la maison", confie Jean-Pierre Mukendi, un fonctionnaire. "Je rentre du travail, je me repose et je m'occupe des enfants le week-end" , poursuit-il.
Même lorsque les femmes ont un emploi stable et bien rémunéré, les mentalités ont parfois du mal à évoluer. Les attentes sociales pesant sur les femmes, notamment en matière de soin des enfants et de gestion du foyer, peuvent freiner une répartition plus équitable des tâches.
Véronique Luluwa, enseignante explique "je travaille à temps plein et je contribue à hauteur de 50% au budget familial, mais je suis toujours celle qui s'occupe des enfants et des tâches ménagères. Je souhaite que mon mari participe davantage aux tâches ménagères. Nous travaillons tous les deux, donc nous devons partager les responsabilités à la maison."
Cependant, de plus en plus de femmes travaillent et contribuent au budget familial. Cette nouvelle dynamique remet en question la répartition traditionnelle des tâches. Thérèse Mujinga, cadre dans une ONG confie : "Avant, je m'occupais de tout à la maison. Depuis que mon mari a perdu son emploi, nous avons dû revoir notre organisation. Aujourd'hui, nous partageons les tâches plus équitablement."
Si certaines femmes estiment que leur contribution financière leur confère un certain droit à la délégation des tâches, d'autres préfèrent ne pas en faire un enjeu, par peur de créer des tensions au sein du couple.
" C'est l'homme qui doit ramener l'argent à la maison, et la femme qui s'occupe du foyer. C'est comme ça que ça a toujours été. Je ne vois pas pourquoi je dois fournir plus d’effort pour commencer à ramener de l’argent à la maison ou demander à mon mari de faire le ménage, c’est chercher le déséquilibre au sein du foyer en manquant de respect à son homme. "
"Les attentes concernant les rôles de l'homme et de la femme au sein du couple sont souvent influencées par le milieu social, l'éducation et les traditions familiales", souligne Jean-Paul Ngoie, commerçant.
"Je pense que l'homme doit subvenir aux besoins de sa famille. C'est son rôle. Mais cela ne signifie pas que la femme ne doit rien faire."
La gestion du budget familial, un autre sujet sensible au sein des couples. Si certains couples décident de mettre en commun leurs revenus, d'autres préfèrent conserver une certaine indépendance financière. Christine Zola, fonctionnaire : "nous avons un compte commun, mais c'est moi qui m'occupe des factures. Je trouve que c'est plus simple." Patrick ngiama, ingénieur : "Nous discutons toujours ensemble des gros achats, mais pour les petites dépenses, chacun gère son budget personnel."
"Nous avons décidé de mettre nos salaires en commun et de gérer le budget ensemble. Cela nous permet d'avoir une vision claire de nos finances et d'éviter les conflits", confie à son tour Jonas Iwaie.
La contribution financière des femmes est un élément clé pour négocier une répartition plus équitable des tâches. Cependant, de nombreux obstacles persistent. Les mentalités, les normes sociales et les inégalités économiques rendent difficile une véritable égalité au sein du couple. Si les mentalités changent progressivement à Kinshasa concernant la répartition des tâches ménagères et la gestion du budget familial , il reste encore beaucoup à faire pour atteindre une véritable égalité entre hommes et femmes au sein du couple. La communication, le respect mutuel et la volonté de trouver des compromis sont essentiels pour construire une vie de famille harmonieuse.
Nancy Clémence Tshimueneka