De l'étal au business : le parcours de femmes entrepreneures de Kinshasa

Photo/ actualité.cd
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Pour améliorer leur pouvoir d’achat et celui de leur foyer, certaines kinoises font preuve de résilience en mettant en œuvre des initiatives et en trouvant des solutions créatives. 

Semo Koika Marie Jeanne, créatrice d'une entreprise de cosmétiques naturelles raconte : « J'ai toujours été passionnée par les plantes et leurs vertus. J'ai commencé par fabriquer des produits pour ma famille et mes amies, puis j'ai décidé de me lancer à mon compte. Au début, ce n'était pas facile de me faire connaître, mais grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux, ma clientèle s'est élargie. Aujourd'hui, je peux vivre de mon activité et employer deux personnes ».

Anne Chantal Diakenda, présidente d'une coopérative agricole explique: « Nous sommes un groupe de femmes qui cultivons des légumes et des fruits. Nous avons décidé de nous unir pour avoir plus de pouvoir de négociation et accéder à de nouveaux marchés. Grâce à notre coopérative, nous avons pu obtenir des prêts pour acheter des outils et des semences de meilleure qualité. Nous vendons nos produits sur les marchés locaux et à des hôtels."

Esther Mbula, vendeuse ambulante partage à son tour son expérience: « Je vends des fruits et des légumes sur le marché depuis plusieurs années. Pour augmenter mes revenus, j'ai diversifié mes produits et j'ai commencé à proposer des plats cuisinés. J'ai également créé une petite épicerie à côté de mon étal. »

Ces réussites ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont le résultat d'une combinaison de facteurs, notamment :

- L'encouragement et l'aide des conjoints, des parents ou d'autres membres de la famille : «Ma famille m'a beaucoup encouragée, surtout au début. J'ai également bénéficié de conseils d'une association de femmes entrepreneures qui m'a aidé à élaborer mon business plan », explique Marie Jeanne.
- ⁠le soutien des associations et des pouvoirs publics: « Nous avons reçu un appui technique d'une ONG spécialisée dans l'agriculture. Les autorités locales nous ont également facilité l'accès à la terre », précise Chantal

De son côté Esther bénéficie également de l’aide de sa famille et des associations : « Ma famille m'aide à préparer les plats cuisinés. Je fais également partie d'une association de femmes qui nous permet de bénéficier de formations et de conseils. »

Quelles stratégies ont été mises en place par ces femmes pour développer leur business ?

"J'ai suivi des formations en cosmétique naturelle, participé à des marchés artisanaux et créé un site web pour vendre mes produits en ligne. J'ai aussi mis l'accent sur la qualité de mes produits et sur une communication authentique avec ma clientèle.", partage Marie Jeanne.

« Nous avons mis en place un système de rotation des tâches pour que tout le monde puisse bénéficier des revenus de la coopérative. Nous avons également signé des contrats avec des acheteurs pour assurer un revenu régulier », révèle Chantal

"Je me lève très tôt pour avoir les meilleurs produits et je négocie les prix avec les producteurs. Je suis très attentive aux demandes de mes clients pour adapter mon offre.", déclare Esther.

Malgré ces succès, les défis restent nombreux. L'accès au crédit, la concurrence des grandes surfaces et les coupures d'électricité sont autant d'obstacles à surmonter. De plus, la reconnaissance sociale des activités économiques exercées par les femmes reste encore limitée dans certains milieux.

Les témoignages de ces entrepreneures illustrent la diversité des initiatives mises en place par les femmes congolaises pour améliorer leur situation financière. Grâce à leur détermination, à la solidarité et à l'appui des réseaux sociaux et institutionnels, elles ont réussi à sortir de la précarité pour un avenir meilleur.


Nancy Clémence Tshimueneka