Siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo, la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe a débuté mercredi 24 juillet 2024 avec l'examen de l'affaire Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et dirigeant politique du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), et 24 autres prévenus poursuivis pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison.
Après l’identification des prévenus et les premières questions, la Cour a reporté l’affaire ce jeudi 25 juillet pour permettre aux avocats de la défense d’accéder aux différentes pièces.
Réagissant à la demande de la défense qui sollicitait une remise de huit jours, le premier président de la Cour militaire Kinshasa/Gombe Efomi Lonteyandjoko Jean-Robert a attiré l'attention des avocats de la défense sur la gravité de la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC. Pour Efomi Lonteyandjoko Jean-Robert, ce procès a un caractère "pédagogique".
"Il y a une précision de taille. Parler du mémoire unique à ce stade, aucun argument ne pourrait justifier cela parce qu’une question de fond vient d'être posée; le prévenu a répondu. Comprenez que la procédure est claire. Vous aimez bien parler de mémoire unique mais dès lors que des questions de fond sont abordées ça n'en vaut pas la peine. Éric Nkuba (prévenu) vient de répondre à une question de fond. Il a reconnu sans ambage son appartenance au mouvement Alliance Fleuve Congo. Aller jusqu' à la huitaine ne sera pas possible", a réagi le premier président de la Cour militaire.
Et de poursuivre :
"Qu'à cela ne tienne, parce qu’il s'agit des droits de la défense, nul n'ignore que les droits de la défense sont sacrés et il y a un principe qui caractérise les juridictions militaires. C'est la célérité. Vous savez ce qui se passe à l'Est du pays. Ce procès a un caractère pédagogique et la Cour au départ était claire. Elle accède à votre requête tendant à solliciter une courte remise. Nous allons nous retrouver ce jeudi à 11 heures ici".
De son côté, le ministère public, le Lieutenant Colonel Limbaya Mombenzi Alpha a abondé dans le même sens à ce sujet, rappelant aux avocats de la défense le caractère urgent de ce procès face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo.
"Il y a une urgence dans cette affaire. La situation qui se passe à l'Est de la République Démocratique du Congo, c'est une situation urgente. Au moment où nous parlons, des congolais sont en train d'être tués. Nous vous avons illustré certains cas. Les congolais sont en train d'être tués, massacrés et il y en a qui font des kilomètres à pied pour fuir les affres, les actes graves commis par l'AFC/M23", a soutenu le Lieutenant Colonel Limbaya Mombenzi Alpha.
Le ministre de la Justice avait qualifié ce procès d’historique, insistant sur l’accélération de l’instruction pré-juridictionnelle. La Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) a déployé une mission d'observation judiciaire pour veiller au respect des droits de toutes les parties. Paul Nsapu Mukulu, président de la CNDH, a souligné l’importance de garantir un procès équitable et transparent.
Un haut responsable de l’AFC a critiqué le procès, le qualifiant de "blague" et affirmant que Nangaa ne serait pas représenté. Selon lui, ce procès vise à détourner l’attention des négociations de Kampala initiées par l’AFC.
Clément MUAMBA