En République Démocratique du Congo, les femmes handicapées subissent des discriminations multiples et persistantes dans de nombreux aspects de leur vie, notamment dans le domaine de l'éducation, de l'emploi, du mariage, de la vie familiale ainsi que dans la participation à la vie sociale, note Josué Ozowa Latem, psycho-clinicien du centre Telema et psychothérapeute à Kinshasa.
"Elles rencontrent des obstacles importants à l'accès à l'éducation, réduisant considérablement leurs opportunités d'emploi et d'épanouissement personnel. De plus, leur sous-représentation dans le marché du travail est flagrante. Lorsqu'elles parviennent à s'insérer professionnellement, elles sont souvent victimes de discrimination salariale et cantonnées à des emplois précaires. Le mariage et la fondation d'une famille s'avèrent également compliqués pour ces femmes, en raison des préjugés et de la stigmatisation dont elles font l'objet. Marginalisées des activités sociales et culturelles, elles se sentent souvent isolées et exclues", a-t-il expliqué, en soulignant que ces discriminations répétées ont des effets dévastateurs sur la santé mentale et le bien-être des femmes handicapées.
"Elles peuvent souffrir de dépression, d'anxiété, d'une faible estime de soi et d'un sentiment d'inutilité".
Pour les aider à faire face, le psychothérapeute préconise le soutien social et familial ainsi que la sensibilisation de l'ensemble de la société au respect de leurs droits et de leurs besoins.
"La famille et les amis peuvent leur offrir un sentiment d'amour, d'acceptation et d'appartenance, tout en les aidant à défendre leurs droits et à accéder aux services dont elles ont besoin. Les réseaux de soutien entre femmes handicapées jouent également un rôle important dans cette lutte en leur permettant de partager leurs expériences, de s'entraider, se mobiliser, se faire entendre et exiger une société plus juste et plus inclusive afin de se sentir moins seules. Il est également nécessaire d'éduquer le public sur les stéréotypes et les préjugés liés au handicap afin de favoriser une meilleure compréhension et inclusion",a-t-il martelé.
Il appelle cependant à l'implication des pouvoirs publics pour mettre en place des politiques et des lois qui protègent les droits des personnes handicapées et favorisent leur inclusion dans la société : "L'application effective de ces lois est également primordiale. Des mesures concrètes doivent être prises pour créer une société inclusive où les femmes handicapées peuvent participer pleinement à tous les aspects de la vie sociale, économique et culturelle. Cela implique notamment l'accessibilité des bâtiments et des transports, la création d'emplois adaptés, la promotion de la diversité dans les médias, et un soutien psychologique pour les aider à développer une résilience, les rendant plus fortes, plus confiantes et plus autonomes",a-t-il déclaré.
Pour Josué Ozowa, combattre les discriminations faites aux femmes handicapées est un défi de grande envergure qui nécessite des efforts concertés de tous les acteurs de la société. "En sensibilisant, en éduquant, en soutenant et en incluant, nous pouvons construire une société plus juste et plus respectueuse des droits de tous".
Nancy Clémence Tshimueneka