Près de trois semaines après, le procès de présumés assaillants de la tentative du coup d’Etat s'est ouvert vendredi 7 juin 2024 à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Au total, une cinquantaine de personnes comparaissent devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe siégeant en matière répressive au premier degré en foraine à la prison militaire de Ndolo.
Parmi les personnalités concernées figurent notamment Jean-Jacques Wondo, chercheur connu et expert en politique et questions de sécurité. Dans un communiqué rendu public sur le compte X de Madame Ida Sawyer, Human Rights Watch (HRW) appelle au respect des droits fondamentaux des personnes arrêtées.
« Des membres de la famille de Jean-Jacques Wondo ont déclaré à Human Rights Watch qu’il était absurde d’arrêter quelqu’un sur la base d’une photo vieille de huit ans prise en compagnie d’un dirigeant présumé d’un coup. Depuis la tentative de coup d’État, Human Rights Watch a appelé le gouvernement à respecter les droits fondamentaux des personnes arrêtées. Jean-Jacques Wondo et les autres détenus devraient être inculpés de manière crédible d’une infraction criminelle ou remis en liberté immédiatement. Un mandat d’arrêt basé uniquement sur une photo de 2016 n’est tout simplement pas crédible », a fait remarquer Human Rights Watch (HRW ) dans le communiqué.
Pour cette organisation de défense des droits de l'homme, jusque-là aucune preuve ne démontre que Jean-Jacques Wondo a des liens avec les organisateurs du coup d'État. À en croire cette organisation, sa venue à Kinshasa fait suite à l'invitation de l'administrateur général sortant de l'ANR.
« Jusqu’à présent, le seul élément connu ayant été présenté à charge contre Jean-Jacques Wondo est une photo de lui datant de 2016 en compagnie de Christian Malanga, un opposant du gouvernement congolais basé aux États-Unis et auto-proclamé « président du Nouveau Zaïre », qui était prétendument à la tête de la tentative de coup. Malanga a été tué dans des circonstances peu claires quelques heures après qu’il se soit temporairement emparé, en compagnie d’environ 50 hommes armés, du Palais de la Nation à Kinshasa, siège officiel de la présidence. Les participants au coup d’État auraient également attaqué les résidences du Premier ministre, du ministre de la Défense et d’un autre politicien de haut rang. Malanga était actif sur les réseaux sociaux et des photos de lui en compagnie de politiciens américains de haut rang ont circulé », indique le communiqué de HWR.
Et d'ajouter :
« Jean-Jacques Wondo, citoyen belgo-congolais, est connu dans toute la région et en Europe. Human Rights Watch l’a consulté pendant des années sur des questions politiques et sécuritaires. Récemment, Daniel Lusadisu, à l’époque administrateur général de l’Agence nationale de renseignement de la RD Congo (ANR), lui avait demandé d’étudier les pratiques de l’agence et de proposer des réformes. Jean-Jacques Wondo s’était rendu à Kinshasa en mai pour poursuivre son travail. À la suite de la tentative de coup, il aurait été arrêté et détenu au secret pendant au moins une journée avant d’être transféré dans une prison militaire ».
51 personnes poursuivies dans l’affaire du coup d’Etat manqué du 19 mai 2024, ont comparu ce vendredi 7 juin 2024 devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe. L’audience de ce jour a été consacrée à l'identification de tous les prévenus. Tous les prévenus, Congolais et étrangers, ont décliné leurs identités.
Le tribunal a reçu la constitution de partie civile de la République Démocratique du Congo et de la famille de Kevin Tamba, tué lors de l’attaque des hommes de Christian Malanga. Le Ministère public a fait la lecture de l’acte d’accusation à l’intention des prévenus.
Après débats entre le tribunal et les différents conseils des parties, il a été décidé de renvoyer l’affaire au 14 juin 2024.
Clément MUAMBA