Dossier judiciaire contre Fridolin Ambongo: les kinoises s'expriment 

Photo/ Droits tiers
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Dans une correspondance datant du 27 avril 2024, le procureur général près la Cour de cassation a ordonné au procureur général près la cour d'appel de Matete d'ouvrir une information judiciaire contre le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque métropolitain de Kinshasa, pour des propos séditieux. Depuis la publication de cette note, les réactions se succèdent.

Rencontrée ce jeudi 02 mai sur le boulevard du 30 juin à Kinshasa, Clarisse Onana, licenciée en informatique, estime que l'objectif poursuivi par la justice, à travers ce dossier, est de faire taire toute personne qui dénonce les maux que subissent les Congolais. 

"Il n'y a rien de mal dans les propos tenus par le cardinal Fridolin Ambongo. La justice veut tout simplement installer la terreur et intimider toute personne qui voudra à l'avenir défendre le pays et dénoncer les misères qu'on impose au peuple. Mais les Congolais consciencieux restent aux côtés du Cardinal, pour empêcher qu'une nouvelle dictature ne s'installe dans notre pays".

Pour Claudine Muhemeri, cadre dans une agence de télécommunication, Fridolin Ambongo doit répondre de ses allégations et être jugé comme tout Congolais.

"C'est dramatique qu'un cardinal tienne des propos incendiaires qui peuvent déstabiliser le pays. La RDC n'est pas un gâteau à partager, et on ne peut tolérer que Mgr Ambongo justifie la rébellion et la trahison contre le pays, à la base des millions de morts. Il doit répondre devant la justice."

De son côté, Yanice Konde invite Fridolin Ambongo à travailler avec les cardinaux du Rwanda et du Burundi pour réfléchir autour des pistes de solution pour sortir la RDC de ce chaos.

"La région des Grands Lacs est dévastée, pourtant il y a 3 cardinaux, RDC, Rwanda et Burundi et aussi 3 conférences épiscopales. Ces cardinaux doivent s'unir, proposer des solutions pour restaurer la paix, en lieu et place de prendre chaque fois des positions qui n'avancent pas".

Madeleine Yngesemani, étudiante à l'IFASIC, fustige à son tour ces propos tenus par le cardinal.

 
"Vous êtes libre d'être contre ou pour le pouvoir en place. Mais défendre ceux qui tracassent la RDC, votre patrie depuis presque 3 décennies, est une erreur grave. Le seul moyen de se libérer d'un pouvoir reste les urnes et non un coup d'État."

À ce stade, aucune charge n'est encore retenue contre le cardinal Ambongo, précise maître Roger Kabongo, avocat au barreau de Kinshasa/Matete.

"On veut juste avoir des informations sur ses sorties médiatiques, surtout ce qui l'a amené à tenir ces propos. C'est après qu'on pourra établir les faits."

Pour l'avocat, la demande d'ouverture d'information judiciaire contre Fridolin Ambongo est justifiée et ne contraint en rien la liberté d'expression en RDC.

"Le pays traverse un moment de trouble où la rébellion ne fait que tenir des menaces contre l'intégrité de l'État, contre la sécurité de l'État et le pouvoir en place . Lorsque celui qui est à la tête d'une masse très importante tient des propos soutenant ceux qui vont à la rébellion, dans ce contexte, ça sous-entend qu'il a des informations bien détaillées sur les rebelles, les causes de leur révolte et les stratégies qu'ils mettent en place pour déstabiliser et fragiliser le pays. Il doit donc être invité devant la Justice pour des éclaircissements. La liberté d'expression est garantie à tous, mais doit être exercée dans le respect des normes et lois du pays pour ne pas troubler l'ordre public."

Que dit l'accord-cadre entre le Saint-Siège et la RDC ?

Maître Roger Kabongo souligne que les membres de l'église catholique sont attaquables en justice, conformément à l'article 8 de l'accord-cadre entre le Saint-Siège et la RDC.

L'article 8 de l'accord-cadre stipule que les membres de l'Église catholique sont justiciables des juridictions de droit commun pour les infractions commises par eux. Toutefois, pour toute dénonciation, information, poursuite judiciaire ou administrative relative à un clerc, un religieux ou une religieuse, et se basant sur d'éventuels comportements incompatibles avec les lois civiles ou pénales, sauf en cas de flagrant délit, avant de déclencher l'action publique, les autorités judiciaires font connaître confidentiellement à l'évêque du lieu du domicile de l'intéressé ou à celui du lieu de la commission des faits.

Il relève cependant que dans le cas d'un évêque ou d'un prêtre exerçant dans une juridiction équivalente, l'autorisation préalable du parquet général de la République est nécessaire, et le Saint-Siège en sera aussitôt informé par les autorités congolaises via la nonciature apostolique.

L'accord-cadre entre la RDC et le Vatican date du 20 mai 2016. Il comporte 21 articles et fixe le cadre de collaboration entre les deux États.

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Nancy Clémence Tshimueneka